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Le jour où j’ai rencontré un commandant de bord

par Adeline
Publié Mis à jour le

En lisant ce titre, vous vous attendez certainement à ce que je vous raconte une entrevue avec le commandant de bord d’un avion et une petite virée dans le cockpit d’un A380. Et bien non, aujourd’hui je vous emmène à la rencontre de Rafaele Russo, le commandant de bord du MSC Musica, le bateau sur lequel j’ai passé une semaine en janvier dernier.

Commandant de bord du MSC Musica

Depuis l’existence de vigie pirate, plus personne n’a accès à la passerelle de commandement hors mis le personnel autorisé. Je rencontrerai donc le très accessible et souriant Rafaele Russo dans son bureau.

Originaire de Sorrente près de Naples en Italie, Rafaele Russo a la mer en lui depuis sa plus tendre enfance ! Petit il passe la majorité de son temps en dehors de l’école avec son père alors pêcheur. C’est certainement de là que lui vient ce goût pour les grands espaces marins.

Il commence sa carrière en 1982 sur des navires cargo et parcourt les mers du monde en tant que 1er officier avant de devenir commandant de bord en 1988. Il a parcouru toutes les mers du monde et quand on lui demande dans laquelles il a préfèré naviguer, toutes sont égales. La passion d’abord, ce qu’il aime c’est être en mer ! Il parle avec détachement des zones de piraterie dans le golf d’Aden ou de ces jours où la mer est en furie mais où il faut naviguer pour respecter les délais de livraison ! Quand on tient la barre d’un cargo, il faut avancer et prendre les bonnes décisions en fonction des événements, quelque soient les éléments.

Bateau de croisière - dans les coulisses du MSC Musica

Il y a 7 ans, il change de direction et devient commandant de bord pour la compagnie MSC Croisières. Les responsabilités sont différentes mais passionnantes « c’est un travail que l’on ne peut faire que si l’on est passionné » me dit-il, « on doit être investi à 100% 6 mois d’affilés avant de se reposer 2 mois à la maison. C’est un métier difficile à grandes responsabilités ». A bord du MSC Musica, il est responsable d’environ 4000 personnes alors que sur ses porte-conteneurs il avait « seulement » une vingtaine de personnes sous ses ordres ! Pour l’aider dans sa tâche, il est assisté de plusieurs officiers, chacun responsable d’un secteur : la salle des machines, le personnel navigant, le clients, la cuisine,… On pourrait comparer un bateau à une ville flottante dont il serait le maire ou à une entreprise dont il serait le président !

Comme un avion, les routes du bateau sont définies en fonction de plusieurs critères dont la météo, les vents… Avant chaque départ, il réunit son équipe et ensemble ils définissent la route jusqu’au prochain port. Il me montre ses tableaux avec les orientations des vents, le temps à chaque heure sur le parcours… Du chinois pour moi mais je lui fais confiance pour prendre les bonnes décisions ! Il me parle aussi des arrivées dans les ports, de la montée des pilotes locaux qui l’aideront à amarer le bateau. Pas facile de se « garer » alors qu’on fait près de 350 m de long et quelques 58m de haut (dont 8 sous l’eau). « Ce n’est pas obligatoire d’être assisté par un pilote » me confie t-il mais je remarquerai que dans tous les ports, un pilote montera à bord.

Préférant me parler des côtés drôles de son travail, il me raconte qu’il peut célébrer des mariages à bord, un peu comme à Las Vegas. « ça n’arrive pas toutes les semaines mais ça m’arrive ». C’est le côté fun du bateau de croisière. C’est important pour les clients de rencontrer « le Capitaine ». Il assure donc une partie de relations publiques avec les soirées de présentations, les photos officielles. J’ai l’impression qu’il aime bien ce côté-là. Beaucoup de croisiéristes m’ont avoué le trouver très accessible « contrairement à d’autres ». C’est peut-être parce que cette semaine-là il y avait pas mal d’italiens à bord et il les aiment beaucoup ses compatriotes ! Il a bien sûr ses préférences en terme de clientèle et j’ai compris que les italiens et les brésiliens avaient sa préférence. « Les italiens sont sympas, ce sont mes compatriotes et les brésiliens, ils sont souriants, drôles et agréables à avoir à bord ».

Croisiere MSC Musica caraibes - Dans le port de Saint Martin

Le commandant Rafaele Russo est du genre à avoir les yeux qui pétillent quand on parle de navire et de mer : « Ouvrez les yeux demain quand on arrive à Saint Martin. 5 bateaux accosteront et parmi eux il y aura le plus grand bateau de croisière au monde. Il est incroyable. Vous pouvez le visiter d’ailleurs, si vous avez le temps allez-y ». Je trouve cela touchant après plus de 30 ans de carrière de parler de façon aussi passionnée de son travail et d’arriver encore à s’émouvoir devant son quotidien. C’est rassurant en même temps !

Je suis restée près d’une heure avec ce Capitaine que je pensais inaccessible. J’aurais pu rester plus longtemps mais j’ai été mise à la porte suite à un appel général pour la réunion de démonstrations de sécurité. Je lui ai avoué avoir manqué celle de la veille  (à cause du jetlag), ce à quoi il me répond « c’est obligatoire, j’ai les noms de tous ceux qui ne se sont pas présentés à l’une de ces réunions » me dit-il en souriant « il faut y aller, ouste ». Avant de repartir, j’ose demander une photo souvenir. Un des sous-officiers se fera un plaisir de prendre celle-ci où je suis en compagnie du commandant et de Antonio Vaudo, l’ingénieur en chef, alors de passage dans le couloir. Pas de grande qualité mais un souvenir !

Avec le commandant de bord du MSC Musica

Le 22 janvier dernier j’ai rencontré pour la première fois le commandant d’un navire et me suis découvert une nouvelle passion pour les géants des mers (et notamment de ses coulisses).

 

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6 commentaire

Christophe@LesVadrouilleurs lundi 24 février 2014 - 16:17

Très intéressant ! Avoir une entrevue avec le commandant de bord est un privilège auquel les croisiéristes, dont je faisais partie, n’ont pas accès … sauf peut être ceux qui se marient à bord comme tu le dis 😉

La seule fois où nous l’avons vu de près était la soirée où il était possible de se faire photographier en sa compagnie … mais j’ai au moins remarqué qu’il avait effectivement l’air très sympa …

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Petitgris lundi 24 février 2014 - 21:09

Amusant : je l’ai croisé pendant 21 jours lors de la transatlantique qui amenait le Musica depuis Marseille jusqu’aux Antilles ! J’avais pu constater qu’il était aussi sympathique que compétent ! Bonne soirée bises

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Chrissand lundi 24 février 2014 - 23:43

Sympa comme entrevue. Discuté aussi passionnément de son boulot c’est pas donné à tout le monde. Je ne pensais pas qu’il y avait autant de personnes à bord!
Quand tu dis 4000 personnes c’est en comptant les voyageurs?

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stefan tanned mardi 25 février 2014 - 01:39

Pas de faire ce petit partage d’expériences. C’est quand que tu nous fait un interview avec le capitaine du concordia 🙁

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Carnets de Voyage Photos mardi 25 février 2014 - 21:35

Emouvant ce petit reportage. C’est vrai qu’avoir encore la passion de son étrier après 30 ans de carrière, ce n’est pas donné à tout le monde. Et le plus beau, c’est qu’il te communique son envie… Ca ne doit pas être de tout repos de gérer un navire de cette taille.
Félicitation pour ce bel article.

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Ariane lundi 22 décembre 2014 - 22:28

Très bel article, comme tout ton blog d’ailleurs! Merci de m’aider à transformer mes rêves de voyages en projet! Étant aussi un grande passionnée du monde maritime, je me permet de minuscules précisions:
En français, on ne dira pas 1er officier mais second capitaine (question de point de vue 🙂 ) et chef mécanicien au lieu d’ingénieur en chef . Quand aux mariages à bord, ça dépend malheureusement de la nationalité du navire : sur un bateau immatriculé en France, le capitaine ne peut pas officier une cérémonie de mariage…
Bon vent et peut être à un jour sur les mers! 😉

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