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Recherche contrôleur SNCF désespérément

par Adeline
Publié Mis à jour le

Un dimanche matin de novembre, je me lève un peu tôt pour un lendemain de soirée arrosée afin d’aller prendre le train Corail SNCF de 11h29 gare de Bercy.

Installée confortablement dans mon fauteuil seconde classe, il est 11h29 quand je m’aperçois qu’aucune annonce sur le départ et la destination de ce train n’a été faite. ça sent le retard à plein nez. Nous sommes peu de passagers dans ce wagon mais après une dizaine de minutes d’attente quelques profils se distinguent.

Nous avons Monsieur Râleur « C’est toujours pareil avec la SNCF », « pas un train ne part à l’heure et en plus on ne nous dit rien ». Nous avons Mesdames Détendues, les deux copines qui reviennent d’un week-end à la capitale et qui papotent sans même se rendre compte du retard et enfin Messieurs Blasés qui ne disent rien et tentent de ne pas faire attention aux râleries de Monsieur Râleur.

11h45 Monsieur Râleur décide enfin d’aller mener son enquête sur le quai. Il tombe sur le conducteur qui lui dit avec beaucoup d’aplomb en regardant ses pieds que sans contrôleur le train ne peut pas partir. « C’est tout ce qu’on peut vous dire pour le moment ». Cette réponse ne plait pas du tout à Monsieur Râleur qui aimerait qu’on lui dise des choses précises afin de pouvoir rentrer chez lui si ce train venait à rester en gare mais « C’est toujours pareil avec la SNCF ».

11h50 première annonce officielle : « Mesdames et Messieurs bonjour, l’absence de personnel de bord empêche le départ de ce train. Nous ne pouvons vous en dire plus pour le moment ». Pourquoi est-ce qu’à ce moment précis me revient en tête le fabuleux slogan de la fin des années 80 « SNCF, c’est possible », je ne sais pas. Tout est définitivement possible avec la SNCF, même le contrôleur qui a oublié de se réveiller et celui d’astreinte qui a oublié qu’il était d’astreinte. C’est fantastique.

Sur le quai, les langues se délient. Monsieur Râleur ne trouvant pas d’ami dans son wagon pour médire sur la SNCF, va s’en trouver un dans celui d’à côté. J’entends cette phrase d’anthologie : « nan mais Monsieur, c’est toujours comme ça au mois de novembre, les trains ont toujours du retard. Souvenez-vous l’année dernière ! » « hein Madame vous vous souvenez l’année dernière ? ». Que répondre ? Ben non je ne me souviens pas. L’an dernier au mois de Novembre j’étais en Argentine, j’ai pris le bus et en Novembre en Argentine, les bus ne sont pas en retard !

11h55, la gentille dame du haut-parleur se décide enfin à nous donner des nouvelles : « Voie R, le train numéro 5905 à destination de Nevers partira à 12h15. Monsieur Râleur fait vite le calcul : « 46mn de retard, non mais c’est se foutre de la gueule du monde, nan mais c’est toujours pareil avec la SNCF ». Il remonte dans le wagon pour partager son désespoir avec Messieurs Blasés qui n’ont pas bougé d’un iota depuis une heure. Ils n’en ont que faire. Monsieur Râleur retourne sur le quai et ressasse en boucle son « c’est toujours pareil avec la SNCF ».

Mesdames Détendues prennent cela avec humour en dégustant le meilleur sandwich SNCF : « Nous remercions Guillaume Pepy et surtout Régis. Nous espérons qu’il a bien profité de sa grasse matinée ».

Après 3 annonces de départ avorté, il est 12h25 quand retenti un coup de sifflet énergique. Les 5 personnes du wagon applaudissent. Monsieur Râleur tourne toujours en boucle  tandis que Mesdames détendues espèrent que « la locomotive aura assez d’essence pour nous emmener à destination ». Messieurs Blasés peuvent enfin appeler leur femme et leur annoncer l’heure à laquelle ils arriveront. C’est tout ce qui leur importait ce matin-là.

Au micro, le contrôleur annonce avec la conviction d’un gars à qui on a demandé de travailler un dimanche matin alors que ce n’était pas prévu « le train 5905 à destination de Nevers desservira les gares de Montargis, Nogent sur Vernisson, Gien, Briare… jusqu’à Nevers. La SNCF vous prie de l’excuser pour ce retard au départ ».

De mon côté, avec la zénitude d’une grande voyageuse ayant connu les retards d’Indian Rail et de Peru Rail, j’ai passé un bon moment à écouter les uns et les autres, noter sur mon bloc-note ce qui me permettra d’écrire ce billet et surtout à rigoler de ces morceaux choisis. C’est la première fois qu’un retard de la SNCF me fait rire. J’ai attendu le contrôleur pour lui demander s’il avait bien profité de sa grasse mat’ LUI mais bizarrement ce matin-là, il a fait profil bas.

Le 13 novembre 2011, la SNCF a recherché désespérément un contrôleur pour son train 5905 à destination de Nevers et nous a rappelé à quel point avec la SNCF, c’est possible !

A tous ceux qui n’étaient pas nés à la fin des années 80 ou ceux qui ne se souviendraient pas, je vous offre en prime ces deux merveilleux spots lookés années 80.

[youtube GXU8LzO8ssU] [youtube V-7wzVB-62Y]

 

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7 commentaire

Julien J'aime le Monde mercredi 16 novembre 2011 - 11:11

En effet, le bon dimanche matin où tout est possible !!
Vive la SNCF !
Je me suis bien amusé à te lire, des souvenirs remontent et me laissent dire qu’on a certainement tous déjà vécu ce genre d’anecdote …
Plus qu’une légende, c’est ça la SNCF !
Je pense à vous pour les GBA ce soir, les doigts sont croisés 😉
On se voit vendredi…

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Adeline mercredi 16 novembre 2011 - 11:52

Merci Julien ! Rendez-vous vendredi pour peut-être fêté le vainqueur 🙂

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l'atelierAzimuté mercredi 16 novembre 2011 - 11:22

J’aurais pas osé demandé ça au contrôleur, extra 🙂

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Poumy mercredi 16 novembre 2011 - 16:28

Prendre la vie du bon côté…lalalala 😉

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Lucie samedi 19 novembre 2011 - 16:11

Hehe ça arrive! Je me rappelle avoir attendu le chauffeur de bus de remplacement à 3h du matin sur une aire d’autoroute anglaise pendant 2h….. Ils en ont appelé un autre, il n’est jamais venu et on a jamais sur pourquoi! 😉

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etienne dimanche 15 janvier 2012 - 21:10

Salut globe trotteuse ^^

effectivement, s énerver ne fait pas partir les trains plus tot 🙂

etant cheminot je m etonne de cette anecdote car les retards pour défaut de controleurs sont rares (je suis bien placé pour le dire car mon travail conciste à touver des conducteurs)

je vais donc enquetter

bonne route !!

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Tristana dimanche 15 juillet 2012 - 12:51

C’est trop drôle il m’est arrivé exactement la même chose l’an dernier dans le Paris – Caen que je prends très souvent. Seulement le train était bondé et à côté de moi il y avait Madame Raleuse qui cherchait désespérément dans mes yeux un regard d’approbation à ses « PFFFF il est JAMAIS à l’heure ce train. » En 3 ans, je le prends 2 fois par mois, il est arrivé une fois qu’il soit bloqué en gare à cause de la neige. Et la deuxième, cette fois ci, où un mec était tombé sur la voie, donc il fallait appeler les pompiers, et après il fallait appeler un autre conducteur puisque celui ci devait rester en gare pour « les papiers ». 45 min de retard à côté de Madame Raleuse, c’est duuuur. Le pire c’est qu’elle me parlait ! Comme si j’étais d’accord avec elle, du coup je l’ignorais.

Pourquoi les français sont-ils vu comme des raleurs à l’étranger ? 😉

Suffit de prendre le train . Héhé…

Chouette article en tout cas, c’est tellement agréable de voir des gens avoir du recul comme ça. C’est quoi 45 minutes dans ta vie ? Surtout quand le retard est du à un suicide et que les gens se permettent de dire « qu’il aurait pu se tuer ailleurs, j’ai un RDV MOI. » Rofl.

^^

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