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Marcher sur les pas de Gandhi à Johannesburg était une chose qui me tenait profondément à coeur et ce depuis plusieurs années. Alors que doucement se dessinait mon voyage en Afrique du sud, il était inconcevable que je ne réalise pas ce rêve. Dans ma quête à la découverte de cette frange importante de son histoire, j’avais en tête deux incoutournables. Tout d’abord séjourner à la Satyagraha house, une maison de la banlieue de Johannesbourg où il vécut entre 1908 et 1909, aujourd’hui transformée en musée et maison d’hôtes, et ensuite visiter Constitution Hill où il fût emprisonné pendant de longs mois et site berceau de la nation arc-en-ciel.
Retour sur ma rencontre avec Gandhi
On connait tous Gandhi grâce à nos livres d’histoire : son combat pour la non violence, la marche du sel, sa lutte pour l’indépendance de l’Inde et son assassinat en 1948. La base. Moi j’ai réellement pris conscience de l’impact de ses pensées sur la vie des indiens et plus largement sur l’histoire de l’humanité lors de mon tour du monde en 2010.
Dès mon arrivée à Chennai, je rencontre Suresh. L’une des premières phrases qu’il me dit (et qui marquera sans aucun doute mon séjour de plus de 2 mois en Inde) est la suivante « ici en Inde on vit comme s’il n’y avait pas de lendemain. On vit le moment présent. Pour comprendre l’Inde et les agissements des indiens, c’est une chose que tu dois avoir en tête ».
Cette citation de Gandhi me revient alors à l’esprit :
Vis comme si tu devais mourir demain. Apprends comme si tu devais vivre toujours
Plus tard alors que je traverse le Tamil Nadu, un état du sud de l’Inde, je m’arrête à Madurai pour visiter l’un des 5 musées qui lui sont consacré en Inde et qui retrace notamment toute l’histoire de sa lutte pour l’indépendance. C’est l’occasion de faire un point sur sa vie et ses combats, vue par les indiens eux-mêmes.
Ma route sur les pas de Gandhi s’arrête à Kanyakumari, le Cap Comorin en français. C’est le point le plus au sud de l’Inde, là où 3 océans se rejoignent et où une partie de ses cendres ont été répandues. Cette ville est devenue un lieu de pélerinage très fréquenté par les indiens. Ici il n’y a qu’un mémorial, pas très joli architecturalement parlant mais très symbolique puisqu’il a été dessiné par 3 architectes d’obédiences religieuses différentes : un hindou, un chrétien et un musulman. L’édifice a été conçu de façon à ce que le 2 octobre, jour de l’anniversaire de Gandhi, les rayons du soleil frappent le point exact de l’urne où reposaient ses cendres a été conservée avant qu’elles ne soient dispersées dans l’océan.
C’est durant cette première aventure à travers l’histoire de Gandhi que j’apprends qu’il vécut près de 20 ans en Afrique du sud et que c’est là qu’il a élaboré la Satyagraha, son principe de non violence par la désobéissance civile.
C’est à ce moment-là que je décide qu’un jour j’irai en Afrique du sud pour continuer ma quête.
Et ce jour est venu en mai dernier.
Le bonheur, c’est lorsque vos actes sont en accord avec vos paroles
L’Afrique du sud, berceau de la Satyagraha
La phase sud-africaine de Gandhi a une grande importance dans sa vie et l’histoire en général. Ses premiers pas en Afrique du sud sont, vous allez le comprendre, assez déterminants sur le reste de sa vie.
Après des études de droit en Angleterre, il rentre en Inde où sa vie ressemble plus à un échec qu’à autre chose. On lui propose alors un travail pour quelques mois en Afrique du sud, un pays dont il ne connait rien. Il a pas mal voyagé avant, vers l’Angleterre et à travers l’Inde, rien ne lui fait peur. En 1893, il embarque donc sur un bateau depuis Bombay à destination de Durban.
Ses premiers pas dans le pays furent horribles. Alors qu’il doit se rendre à Pretoria en train, il se voit refuser l’accès au wagon 1ère classe dans lequel une place lui est reservée. La raison : c’est un homme « de couleur ».
Arrivé à Pretoria, il convoque alors tous les indiens de la ville pour leur faire part de l’anormalité de leur condition. Ce premier discours marque les débuts de son combat
En 1900, alors qu’il déjeune dans un restaurant végétarien de Johannesburg, il rencontre Hermann Kallenbach, un juif d’origine allemande avec qui il partage les mêmes idéaux. Ces deux hommes-là se lient d’amitié. Une amitié qui sera plus forte que la mort.
Entre 1908 et 1909, Kallenbach propose à Gandhi de venir vivre dans sa ferme. C’est dans le foyer de celle-ci qu’il mettra en place la Satyagraha.
Satyagraha house : musée et maison d’hôtes
Cette ferme a été rachetée par Voyageurs du monde en 2009 pour la transformer en musée et chambre d’hôtes. Depuis que j’ai eu connaissance de cet hotel, il était pour moi impensable d’aller en Afrique du sud et de ne pas y séjourner au moins une nuit. J’ai choisi la fin de mon séjour pour réaliser ce rêve.
Derniers instants seule avec Gandhi, son histoire, ses préceptes dans ce pays qui m’a tant touchée. Seule face à cet homme si intimidant. Des moments introspectifs comme je les aime en voyage.
Cette maison située à Orchads, une banlieue résidentielle de Johannesburg, a ce petit quelque chose de particulier, d’unique. Accueillie avec le sourire par Mohammed, le gérant de la maison, je suis entrée dans le jardin sur la pointe des pieds, sans oser faire de bruit et avec mon regard de petite fille émerveillée. Toute de suite je n’y ai senti que douceur et sérénité. Un lieu inspirant, idéal pour le yoga, la méditation et l’écriture.
Après un petit tour rapide dans le musée, je prends possession de ma chambre, située dans l’enceinte historique de la maison, celle-là même où la petite-fille de Gandhi a dormi lors de sa dernière visite.
Le blanc et le bois constituent la base de la décoration. Elle est simple et épurée, à l’image de Gandhi. On s’y sent bien dès les premiers instants. La salle de bain, elle aussi est minimaliste. Pas de place à l’ostentatoire. Dans tous ces petits détails, je reconnais le goût unique et respectueux des lieux et de l’histoire de Voyageurs du monde. C’est la deuxième fois que je loge dans l’une de leur maison et encore une fois, je ne suis pas déçue.
Le tour de ma propriété d’un soir fait, je me réfugie dans le foyer, innnondé de rayons de soleil d’hiver, pour un déjeuner végétarien plein de saveurs. Encore et toujours en accord avec les idéaux de Gandhi, ici on ne mange pas de viande.
L’histoire de cette maison est assez fascinante. Quand Voyageurs du monde la rachète, elle appartient alors à une petite mamie anglaise. Celle-ci voulait la vendre depuis longtemps mais à quelqu’un qui respecte son passé. Le poids de l’histoire étant tellement grand, les équipes mettront près de deux ans avant d’ouvrir cette maison. Un an pour ne pas se tromper dans l’architecture, 1 an pour la rénovation et la décoration. Quelques 20 voyages en Inde seront nécessaires pour chiner les objets, les livres, tous les petits détails qui font le charme de la Satyagraha house.
La Satyagraha house est une maison d’hôte et non un hotel. On y entre en client, on en ressort en amie de la famille. Car c’est bien d’une famille dont il s’agit. A elle seule, elle incarne l’Afrique du sud d’aujourd’hui avec un personnel issu de plusieurs communautés. Toujours discret et le sourire aux lèvres.
Une nuit c’était bien trop court. J’aurais aimé me plonger dans les livres qui rassemblent toutes les correspondances entre Kallenbach et Gandhi, profiter de chaque détail et retenir toutes les anecdotes rassemblées dans le musée… J’aurais aimé m’asseoir dans le jardin sous l’arbre planté à l’arrivée de Gandhi dans la maison et écrire.
Bref cette maison aujourd’hui classée au patrimoine national d’Afrique du sud respire la sérénité, le bien-être. C’est un lieu très inspirant où je retournerai sans aucune hésitation.
Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde
Constitution Hill
J’y reviendrai dans un prochain article sur Johannesburg mais Constution Hill, la prison où furent emprisonnés plusieurs grands hommes comme Mandela ou Gandhi, accueille une exposition permanente sur ce dernier qui complète assez bien le musée de la Satyagraha house. La scénographie y est bien moins jolie qu’à la Satyagraha mais les deux expositions se complètent assez bien.
Carnet pratique
Pas besoin de dormir à la Satyagraha house pour visiter le musée.
Adresse : 15 pine road, Orchads – Johannesburg – Téléphone : + 27 11 485 5928
Constitution Hill
Ouverture du lundi au vendredi de 9h à 17h – Samedi, Dimanche de 10h à 15h.
Adresse : 1 Kotze St, Johannesburg
Téléphone : +27 11 381 3100
Recommandations de lecture :
- biographie de Gandhi par Jacques Attali Gandhi ou l’éveil des humiliés
- pour les moins courageaux, il existe un petit folio à 2€ La voie de la non violence qui résume très bien sa vie à travers ses textes.
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Mon voyage a été organisé par l’office du tourime d’Afrique du sud et à Johannesburg j’ai été accueillie par Voyageurs du monde. Tous les choix éditoriaux des billets produits suite à ce voyage me reviennent.
12 commentaire
C’est très intéressant et ça donne envie de passer quelques jours dans cette jolie maison… Je connais assez peu Gandhi mais tu m’as rendue curieuse ! Merci !
Merci Juliette 🙂 Plonge toi dans la vie de Gandhi, je suis sûre que ce grand homme te plaira 🙂
Tu as si bien su décrire l’expérience… Ça donne envie de s’y poser, prendre un peu de recul, sentir les bonnes ondes de ce grand homme si inspirant…
Voilà, maintenant je sais exactement où je veux aller en Afrique du Sud. Merci pour cette belle découverte. Je connaissais l’engagement de Gandhi en Afrique du Sud, mais je ne savais pas comment tout avait commencé. J’ai encore beaucoup à apprendre sur lui.
Merci pour ce bel article qui me rappelle mes lectures de la biographie de Gandhi. C’est vrai qu’elles m’avaient fait découvrir le combat qu’il a mené en Afrique du Sud – que je méconnaissais totalement – et cela m’avait beaucoup impressionné. Bravo pour ce partage d’expérience bien écrit qui mélange habilement rappels historiques et impressions ressenties.
Je viens de découvrir ton blog, et je te trouve bien courageuse. Concernant ce voyage en Afrique en Sud, je trouve que ce pays est magnifique et son passé lui donne une aura supplémentaire. L’Afrique du Sud, c’est aussi des plages magnifiques avec sable fin et eaux turquoises – j’en ai la nostalgie rien qu’en y repensant… -. Quand à Gandhi comment ne pas admirer cet homme, adepte de la non violence? Très peu de gens savent répondre à la violence par la bonté et la bienveillance, en somme la résistance pacifique. Merci en tout cas de nous faire partager ces tranches de vies !
Un bien bel article Adeline, que j’ai lu avec plaisir, un café à la main au fil des citations de Gandhi ! ça doit effectivement faire quelque chose de passer la nuit dans cette maison.
Merci pour cette jolie histoire.
Belles prises de vue !
Un article détaillé qui donne envie de s’évader sur les traces de Gandhi…..
Bel article, ça doit faire tout drôle de s’immiscer, ne serait ce qu’un petit peu, dans la vie d’un tel homme !
Superbe article. Je l'ajoute à ma to-do list . Le problème avec Joburg c'est que c'est trop grand et on niveau taxi ca devient vite cher
MerciAdeline de nous faire vivre avec vos recits et vos voyagesenrichissantes
J’ai bien apprecie votre article sur Ganhiji