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Découvrir la Sarthe côté nature : Forêt domaniale de Bercé ou Alpes Mancelles ?

par Adeline
Publié Mis à jour le

Après la visite du Mans, je suis partie à la rencontre de la nature en Sarthe. Au sud du département, en pleine vallée du Loir, j’ai découvert la forêt domaniale de Bercé, ses futaies historiques, puis sa faune avec un photographe animalier. Au nord, je suis allée randonner dans les Alpes Mancelles, un site naturel situé à l’extrême ouest du massif armoricain, aux confins de trois départements : la Sarthe, la Mayenne et l’Orne. Je vous raconte ces deux plongées en forêt extrêmement ressourçantes.

La forêt domaniale de Bercé, la plus belle forêt de France ?

C’est avec Christophe Salin, un photographe naturaliste sarthois que je découvre la forêt domaniale de Bercé. Ici c’est son territoire, là où il se promène, appareil photo à bout de bras pour immortaliser la nature dans toute sa splendeur ! Les animaux, les arbres et même les racines se photographient. La forêt est vivante, chaque balade et chaque saison y réserve son lot de surprises.

Christophe Salin en action dans la futaie du clos

Ce jour-là il pleut à ne pas sortir un appareil photo dehors mais « ne t’inquiète pas, m’a t’il alors confié, quand il pleut la forêt de Bercé nous offre ses plus jolis contrastes. Les gouttes de pluie pèsent sur les feuilles, les branches s’étirent vers le sol et les dégradés de vert s’intensifient« . Il n’y a pas mieux pour résumer cette fin d’après-midi là.

La forêt de Bercé, ce joyau que l’on doit à Colbert

Vue du ciel, la forêt de Bercé est un joli croissant de verdure de 5400 ha, au coeur duquel on peut se balader à pied, à cheval ou à vélo, et où se trouvent des arbres remarquables. Traversée par des petites routes où il n’est pas rare de croiser quelques chevreuils, de jolis ronds-points nous indiquent la direction à prendre. Ils donnent encore plus de charme à cette forêt historique.

L’un des nombreux ronds-points de la forêt de Bercé

Il faut remonter à Colbert pour comprendre que la forêt domaniale de Bercé n’est pas juste une forêt comme une autre. A l’époque, la France manque cruellement de ressources en bois, alors le célèbre ministre de Louis XIV lance une réforme pour protéger, restaurer et mieux gérer les forêts de France. C’est ainsi qu’au coeur de la forêt de Bercé seront exploités chênes, pins et hêtres qui, une fois coupés partiront dans certains chantiers navals de France pour la construction de navires.

La futaie du Clos a été assez épargnée à l’époque par la coupe de bois, c’est pourquoi on y trouve aujourd’hui des chênes âgés de près de 300 ans ! Le plus vieux, le chêne Boppe, a été foudroyé en 1934, il avait 262 ans, mais on peut y voir le chêne Roulleau de La Roussière, un joli bébé de 43m de haut et près de 5m de circonférence, et dont l’âge serait estimé à 350 ans. Je vous assure que je me suis sentie bien petite face à ces magnifiques fûts qui s’élèvent à l’infini vers le ciel.

Quand Christophe qualifie la forêt de Bercé de « plus belle forêt de France », on pourrait penser qu’il est un peu chauvin ou manque d’objectivité. Nos territoires sont toujours les plus jolis à nos yeux, non ? Ceci dit, il n’a pas totalement tort puisque celle-ci a été labellisée forêt d’exception® par l’Office National des Forêts en 2017. Ce label est « destiné à faire connaître et à valoriser le patrimoine forestier dans une démarche d’exemplarité en matière de développement durable ». La forêt de Bercé est aujourd’hui encore exploitée, notamment pour la tonnellerie, mais avec beaucoup plus de contrôle qu’à l’époque et dans le respect de l’écosystème et de la biodiversité. Pour la petite histoire, c’est ici qu’ont été abattus les chênes qui serviront à la reconstruction de la charpente de Notre Dame de Paris. Tous les sarthois à qui j’ai parlé de la forêt de Bercé m’ont fait cette confidence. Fierté locale !

Se promener dans la forêt de Bercé

De nombreux itinéraires sont balisés pour les randonneurs à pied, à vélo ou à cheval. A la Fontaine de la Coudre, vous trouverez un petit sentier « à l’école de la forêt » jalonné de panneaux pédagogiques. C’est ici, dans la petite mare située non loin du parking, que les grenouilles rousses se retrouvent en février lors de leur grand rassemblement de reproduction. « Une orgie géante de 3 jours » m’a confié Christophe. En mai je n’y ai vu que quelques têtards !

Sous-bois dans la futaie du clos

La futaie du Clos est incontournable car c’est là que se trouve l’exceptionnel, la plus belle futaie d’Europe selon certains. Un sentier contemplatif vous invite à traverser ces 8ha où 400 chênes, dont certains tricentenaires, vous impressionnent et vous émerveillent. C’est ainsi qu’un ancien inspecteur des eaux et forêts du Mans qualifiait cette futaie en 1904 :

C’est le beau dans sa forme la plus tangible pour tous. On comprend que les forestiers du monde entier, les touristes, les artistes s’intéressent à ce petit coin de forêt, oeuvre des siècles et à ses beauté faites de grandeur, d’imposant silence et de majesté.

Henri Roulleau de la Roussière

Pour en savoir plus sur la forêt avant d’aller vous y balader, je vous invite à visiter Carnuta, la maison de l’homme et de la forêt à Jupilles, un village qui se trouve à la lisière de la forêt. Elle y propose diverses activités tout au long de l’année.

Stage de photographie animalière en affût avec Christophe Salin

Christophe était autrefois chercheur en écologie, spécialisé dans les insectes. En 2012, alors qu’il pratique la photographie depuis une dizaine d’années, il décide de prendre une année sabbatique et d’essayer de vivre de son art et développer ses connaissances en naturalisme. Pour se faire connaitre, il participe à de nombreux festivals et concours photos où il est primé, notamment pour ses magnifiques photos de cerfs, et écrit pour diverses publications sur la nature. Aujourd’hui naturaliste au même titre que photographe, il organise des stages pour apprendre et se perfectionner en photographie animalière, tout en comprenant l’environnement, les habitudes et comportements des oiseaux et mammifères, ainsi que l’écosystème dans lequel ils évoluent. « Le naturalisme est une notion indissociable du métier de photographe animalier » me dit-il.

Un joli pic épeiche pris à la drink station

J’ai pu passer une soirée avec lui, dans les conditions d’un stage, dans l’un des affûts qu’il a installé vers la forêt de Bercé. Je ne suis pas du tout familière de la photo animalière. Après ce safari en Afrique du Sud pour lequel j’avais loué un objectif, je m’étais bien dit que je m’y mettrai, mais à l’époque le matériel photo était trop élevé pour ma bourse. Sans un bon objectif, la photo animalière est impossible. Finalement, j’ai récemment investi dans un Tamron 150-600 G2, pas le meilleur mais pour débuter c’est déjà pas mal, et cette soirée a donc été l’occasion de le tester en mode affût. Bon j’avoue avoir d’énormes progrès à faire, tant sur la prise que sur la retouche, mais je suis déjà contente de ce que j’ai pu produire ce soir-là. Toutes les photos animalières de cet article sont prises avec cet objectif.

Le bruant jaune

Christophe m’a dit avoir installé divers affûts dans le sous-bois où nous étions. Ce soir-là, c’est à la drink station, bien cachés derrière des vitres tintées, que nous avons pu voir pics épeiche, bruants jaunes et autres mésanges, venir se restaurer et parfois même se baigner. Les oiseaux ne sont pas trop venus dans l’eau puisqu’il pleuvait et n’avaient pas vraiment besoin de se rafraichir.

J’ai pu bénéficier des conseils avisés de Christophe pour régler mon appareil photo, faire mes cadrages, et bien sûr de ses connaissances sur les animaux croisés ce soir-là. C’est un réel passionné qui partage sans compter ses connaissances en naturalisme.

Un pic épeiche curieux !

L’affût où nous étions caché, est situé dans un sous-bois et à proximité d’une prairie où nous avons pu observer 2 biches et un chevreuil, qui y avaient élu domicile pour se restaurer à la tombée de la nuit. Un moment magique, avant qu’ils ne nous repèrent et s’enfuient en courant.

Biches dans une prairie près de la forêt de Bercé

Lors de ses stages qui durent 3 jours, Christophe Salin fait travailler sur les différentes techniques de photographie animalière. En une soirée, je n’ai pu avoir qu’un échantillon de tout ce qu’il partage avec ses stagiaires, mais en repartant je me suis promis qu’un jour je casserai ma tirelire pour m’offrir ces 3 jours de stage avec lui. Il faut juste que les dates coïncident avec mon agenda 😉

La Bercéenne, une chambre d’hôtes à la lisière de la forêt de Bercé

Emmanuel Couléard avait le choix de suivre une voie toute tracée dans l’artisanat en reprenant une affaire familiale, ou suivre son rêve d’ouvrir une chambre d’hôtes. C’est la voie la moins facile qu’il a suivi en ouvrant la Bercéenne où il est aujourd’hui heureux d’accueillir et conseiller ses hôtes, une ferme entièrement rénovée de ses mains. Il possède deux chambres de deux personnes, ainsi qu’un kota finlandais avec 4 couchages, dans le jardin à l’arrière de la maison.

La Bercéenne est un petit havre de paix situé en pleine nature à Jupilles, à la lisière de la forêt de Bercé. Arrivée assez tard après mon stage photo, j’ai été accueillie par le chant des crapauds. Je découvrirai le lendemain matin au réveil, une jolie petite marre bordée d’iris. Emmanuel m’a confié au petit-déjeuner, avoir voulu faire de sa ferme une terre d’accueil pour les animaux. Ici ils se sentent bien et en sécurité, vous pourrez donc observer de nombreuses espèces d’oiseaux, et même quelques chevreuils si vous êtes chanceux ! Le jardin est une réelle invitation au repos et à la sieste à l’ombre d’un arbre.

A l’ouest du massif armoricain se dressent les Alpes Mancelles

Je quitte la forêt de Bercé pour découvrir les Alpes Mancelles au nord-ouest de la Sarthe. Je suis ici à quelques encablures de Sainte-Suzanne, ce joli village visité en Mayenne il y a peu. A l’extrême ouest du massif armoricain les paysages varient aussi entre feuillus et résineux.

Ne vous attendez pas à des dénivelés de fou hein, on a beau les appeler les Alpes Mancelles, si vous faites un petit D+ de 350m ce sera bien le maximum. Néanmoins j’ai trouvé le coin assez joli, voire très poétique quand je me suis attachée à quelques détails pour faire des natures mortes.

Le temps m’étant compté alors je n’ai fait qu’un tout petit bout de la randonnée Roche brune, un sentier balisé de 13km qui vous emmène sur les sites du saut du Cerf et de Roche Brune, un site d’escalade bien connu dans le coin.

Le site du saut du cerf offre un magnifique point de vue sur la canopée alors que le site de Roche Brune, offre lui des blocs de grès et un sous-bois rafraichissant où on se balade sous le chant des oiseaux, peu avares de leurs sifflotis je dois l’avouer. On peut y croiser aussi des petits écureuils curieux.

Point de vue sur la forêt domaniale de Sillé depuis le saut du Cerf

Les futaies sont magnifiques et la nature est majestueuse encore une fois. Il suffit de lever les yeux, pour voir ces branches feuillues s’exprimer, et ces longs fûts de résineux s’élever dans le ciel.

Roche de grès à Roche Brune
Sous-bois sur le sentier de Roche Brune
Sous-bois près du site de Roche Brune
Nature morte dans le sous-bois
Poésie d’une fougère
Un sous-bois luxuriant sur les rives du ruisseau de la Roullée

Je crois avoir découvert les deux coins les plus verts et les plus sauvages de la Sarthe, un territoire néanmoins assez rural. Je n’y ai pas croisé grand monde et à l’heure où nous recherchons tous un petit coin de nature pour nous isoler et nous ressourcer, je ne peux que vous conseiller d’aller à votre tour vous confronter à ces majestueuses futaies et vous laisser bercer par les chants des oiseaux. Ne penser à rien, juste vous fondre dans l’instant présent, ouvrir vos yeux, câliner les arbres et recharger les batteries !

Aller plus loin sur la Sarthe

Je vous invite à lire mes autres articles dédiés à la découverte de la Sarthe :

Reportage réalisé avec le soutien de Sarthe Tourisme

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