Table des matières
Il existe près de 2000 lacs au Kirghizistan. Issyk-Kul et Song-Kul sont certainement les deux plus connus des voyageurs car les plus faciles d’accès depuis la capitale Bichkek. Pour ma part c’est une road trip épique au lac Köl-Suu dans la région de Naryn qui m’attendait, une aventure mémorable qui m’a menée jusqu’aux portes de la Chine sur quelques 250 kilomètres de pistes et à travers des paysages montagneux verts, désertiques et infinis. Retour sur ce road trip qui restera certainement l’un de mes meilleurs souvenirs de ce voyage au Kirghizistan.
Notre petite expédition compte 5 personnes : Polina et Vladimir respectivement guide et chauffeur puis Stephen, Jason et moi. Nous partons pour le lac Köl-Suu situé au sud du pays à la frontière de la Chine avec pour but d’y camper une nuit. A notre départ de Naryn, nous ne savons pas si nous pourrons atteindre cet objectif. Par son réseau de chauffeurs au Kirghizistan, Vladimir sait que les derniers kilomètres sont humides et il n’est pas sûr que nous puissions atteindre le lac en voiture. Si le 4×4 ne passe pas alors nous devrons installer notre campement à la rivière puis marcher deux heures pour aller au lac et revenir pour la nuit. Pas vraiment le plan que nous imaginons. Nous on se voit bien planter nos tentes au bord de Köl-Suu, se faire un diner avec vue, profiter de l’isolement et de la nuit étoilée.
Pour l’instant la route nous attend, on verra bien une fois sur place. Vladimir me parait déterminé, nous comptons sur ses nombreuses années d’expériences des pistes kirghizes pour nous mener à bon port !
Quitter Naryn et traverser les paysages purs du Kirghizistan
A peine avons-nous quitté Naryn que nous voilà plongés dans des paysages époustouflants. Mes yeux restent figés sur l’extérieur. Des plaines, des lacets, des steppes… Cette journée s’annonce folle.
Alors que nous nous arrêtons devant un joli point de vue, je prends conscience de l’infiniment petit dans l’infiniment grand. Le pays fait près de 200000 km2 (soit moins de la moitié de la France) pour seulement 6 millions d’habitants. Autant dire que les nomades installés ici ne sont pas dérangés par les voisins. En été, ils vivent dans les montagnes alors sur la route on croise quelques camps de 2 ou 3 yourtes, toujours installés au bord d’une rivière, point d’eau nécessaire à la vie de l’homme et celle de ses animaux (chevaux, ânes, vaches et moutons).
Plutôt reposant d’habiter ici non ?
Passage de Check Point – Permis obligatoire
Les paysages sont tellement beaux que je pourrais m’arrêter souvent mais si nous voulons arriver au lac alors nous devons rouler. Naryn est situé à environ 2000 m d’altitude, le lac Köl-Suu est lui à 3500m donc nous allons monter. Pour l’heure, nous traversons des plaines, des steppes arides.
Sur la route, nous devons passer un check point où sont vérifiés passeports et permis de séjour dans cette zone (frontière avec la Chine oblige). Ce dernier s’obtient en plusieurs jours au bureau de Community Based Tourism Naryn pour le prix de 15$ (tarif été 2017). Au check point, ça ne rigole pas mais le charme de Polina opère et en 1/2 heure nous passons de l’autre côté. Après quelques kilomètres et le stress de ce passage de check point dissipé, nous nous arrêtons pique-niquer.
Nous sommes seuls à des kilomètres alentours. Bonheur absolu !
Le Kirghizistan est fleuri à cette saison. C’est tellement beau. A l’altitude où nous nous trouvons, commencent à pousser des Edelweiss.
Polina m’avait prévenue, l’altitude des montagnes de la région de Naryn plait aux Yaks, nous devions certainement en croiser. Et puis au détour d’une montagne, ils sont là… Panorama parfait : une rivière en contrebas, des yaks dans l’eau, d’autres en hauteur… la scène était jolie et eux impassibles, se laissant photographier en nous surveillant de loin !
A cette altitude on voit aussi des marmottes, beaucoup de marmottes, énormément de marmottes mais pour le coup celles-ci sont imprenables… Trop rapides ces petites bêtes !
Derniers kilomètres épiques jusqu’au lac Köl-Suu
Alors que nous commençons sérieusement à monter vers le lac Köl-Suu, nous sommes rejoints par un couple en 4×4. Ils sont originaires de République Tchèque et se rendent aussi là-haut. Nous ferons tout le reste de la route avec eux. Ils étaient rassurés que Vladimir connaisse le coin et nous ça nous arrangeait pour la suite des événements (mieux vaut avoir des copains pas loin si on s’embourbe et autant dire qu’il n’y avait pas beaucoup de copains aux alentours).
Nous arrivons à la rivière où il est prévu de planter les tentes si le lac est inaccessible en voiture ! Même si le panorama est superbe avec ces monts enneigés en arrière plan, pas question de s’arrêter, nous allons voir l’état des chemins.
Nous devons traverser cette fameuse rivière et le niveau est assez haut. C’était une des premières étapes un peu tendues dont nous avait parlé Polina. Pas sûr que la voiture puisse passer, il faudra alors traverser à cheval nous avait-elle dit. Les chevaux et moi ne sommes pas tellement copains. Je les aime bien, je peux les approcher, les caresser mais j’ai peur de les monter !
Je n’ai pas eu à le faire… Des enfants, qui ici naissent sur des chevaux, guident Vladimir pour trouver le passage parfait. Mission réussie. Nous pouvons continuer notre route.
Arrivée magique au lac Köl-Suu
Alors que nous sommes bloqués par un deuxième passage délicat, je vois des chevaux au loin passer la rivière. Je descends de la voiture pour profiter de ce moment d’une grande émotion. Ces chevaux libres qui courent dans ces étendus si pures et préservées, c’est vraiment superbe.
Ces chevaux appartiennent aux nomades et vivent en semi-liberté. Les petits sont attachés à des cordes au camp de façon à ce que les mères reviennent toujours à la maison !
A partir de ce moment là nous ne sommes pas vraiment remontés dans la voiture. Pour l’alléger et lui permettre de passer les zones humides en évitant de s’embourber, Vladimir nous avait demander de continuer à pied. J’avoue que c’était bien plus agréable aussi. Une terre aussi belle est faites pour marcher !
Et imaginez toutes les émotions l’on peut ressentir dans cet espace infini. S’asseoir, inspirer, expirer, respirer, profiter de chaque moment, méditer. Si ça ce n’est pas le bonheur alors je ne sais pas à quoi il ressemble !
Nous laissons Vladimir et Polina gérer les derniers kilomètres. Jason, Stephen et moi nous perdons dans ces étendues. Nous devenons des petits points dans ces étendues infinies. Au loin, là-bas, derrière ces montagnes, notre but, le lac Köl-Suu.
Un dernier regard en arrière et quelle vue… Je m’assieds là sur un rocher quelques instants pour profiter et repenser à ces dernières heures. Les plaines, les marmottes, les rivières, les chevaux…
Je ne sais pas encore ce qui m’attend derrière ce dernier pic.
Un lac, une tente, des amis, des fleurs et des étoiles
Et il se dévoile enfin… Le soleil, les nuages lui offrent des teintes uniques et changeantes. Je n’ai qu’une envie : prendre un peu de hauteur et aller m’asseoir. Regarder, ne penser à rien. Profiter de ce lieu encore préservé.
Assise là sans faire un bruit, émue par ce spectacle de la nature, je tourne la tête et que vois-je ? Une marmotte s’est invitée à mes côtés. Je ne bouge pas pour en profiter le plus longtemps possible.
Une fois le soleil caché derrière la montagne et les couleurs assombries, je redescends au camp. Les garçons décident de tenter la baignade. Nous sommes à 3500m d’altitude, l’eau est froide.
Les nomades basés à la rivière nous apportent à cheval les bouses nécessaires pour nourrir le feu.
Ce soir, c’est Vladimir qui cuisine. Son père est chef et lui a transmis tout son savoir-faire et il adore cuisiner. Au menu : mouton/pommes de terre tout cela cuit dans la casserole kirghize. Bon vous connaissez certainement le problème de l’altitude : par manque d’oxygène les aliments mettent plus de temps à cuire et ils sont moins tendres aussi.
La nuit tombe, les étoiles pointent le bout de leur nez. Je m’essaye aux photos de nuit. C’est chouette.
La nuit est vraiment froide, j’aurais aimé ressortir un peu plus tard mais le froid aura raison de cette volonté. Je suis bien mieux au chaud dans mon duvet et je préfère profiter du lever du soleil. Et celui-ci est fantastique.
Le camp est calme, tout le monde dort encore. Je monte retrouver mon spot au milieu des fleurs et me réveille tranquillou. Là.
Je suis pas mal. Les marmottes dorment encore, le soleil arrive doucement sur le lac Köl-Suu. C’est tellement beau.
Un peu plus tard, le soleil offre ses couleurs magiques au lac. Ce vert, ce bleu et tous ces beaux contrastes.
Quitter Köl-Suu et marcher dans ces étendues pures
J’aurais aimé rester plus, passer quelques nuits ici. Aller me balader dans ces étendues pures, pourquoi pas faire un tour en bateau sur ce lac (qui fait une dizaine de kilomètres de long), en profiter à toutes heures de la journée et pas seulement le soir et le matin comme cela a été le cas. Le lac Köl-Suu fait partie de ces lieux est si reculés, si uniques dans lesquels on ne va certainement qu’une fois dans sa vie alors il faut vraiment laisser le temps de savourer et la magie agir !
Un dernier regard en arrière, un peu triste je dois le dire, et je reprends ma route à pied.
C’est tellement bon de marcher seule dans ces larges étendues.
Je retrouve Vladimir et les autres quelques kilomètres plus loin.
Nous rentrons à Naryn où d’autres aventures sur la route de la soie nous attendent.
Cette expédition au lac Köl-Suu, bien que trop rapide à mon goût pour en profiter vraiment, restera comme l’un de mes plus forts moments au Kirghizistan. Ici l’infiniment petit se plonge dans l’infiniment grand. Dans ces montagnes où l’on éprouve tantôt le vide, tantôt le vertige, on ne peut rester de marbre face au spectacle unique de la nature. Toujours surprise de croiser la vie au détour d’une rivière, d’un rocher ou d’un col.
En anglais on dit que ce lieu est pristine, mot que l’on pourrait le traduire par vierge ou pur. Souhaitons-lui qu’il le reste encore longtemps et à tous ceux qui souhaitent s’y rendre, merci de le respecter.
Aller au lac Köl-Suu, conseils pratiques
Si vous avez un véhicule de préférence type 4×4 (avec un autre vous ne passerez pas), vous pouvez vous rendre seul dans cette zone à condition d’avoir le permis nécessaire pour passer le check Point. Comme dit plus haut, il s’obtient au Community Based Tourism de Naryn. Si vous n’avez pas de véhicule, vous pouvez réserver cette excursion depuis ce même bureau ou auprès de C.A.T. Travel, une agence de voyage locale basée à Bichkek. Vous pouvez demander un devis en envoyant un mail (en anglais) à travel @ cat.kg
Il n’y a rien aux alentours du lac Köl-Suu, il faut donc prévoir de quoi manger pour la durée de votre séjour (prévoyez aussi de repartir avec vos déchets je préfère préciser). Et aussi votre tente/duvet pour températures autour de 0° en été.
La meilleure saison pour y aller est certainement Juillet/Août mais il fait froid une fois le soleil tombé je rappelle que nous sommes à 3500m d’altitude. Si en journée le soleil brille, le combo Tshirt-Polaire-Pantalon suffisent, la nuit mieux vaut prévoir quelques couches supplémentaires.
Dans mes affaires j’avais :
- Ma veste en Gore-tex Columbia
- Une polaire North Face
- Des dessous thermiques de la marque Odlo (collant et pull)
J’aurais aimé avoir un bonnet et pourquoi pas des gants, une fois le soleil couché, ils auraient été les bienvenus.
Au niveau des chaussures, je vous conseille des bonnes chaussures chaudes et étanches de haute montagne. Je n’avais pas voulu me charger des miennes un peu lourdes, je les ai regrettées lors de cette expédition car les sols étaient quand même bien humides.
Organiser son voyage avec Evaneos
Une autre solution pour organiser son voyage est de passer par Evaneos, un site internet qui vous met en relation avec des agences locales au Kirghizistan. Vous pourrez construire un voyage à votre image avec l’une d’entre elles et faciliter ainsi les démarches administratives (et notamment celles du permis pour aller au la Kol-Suu). Vous pouvez leur demander un devis pour un séjour, cette étape est gratuite !
- Le voyage Sur les traces de la route de la soie proposé par l’agence d’Assel passe par le lac Kol Suu
- L’agence de Meikinai propose un voyage Trek et rencontre avec les nomades Kirghizes qui ne passe pas par ce lac mais pourrait aussi vous plaire.
Vous pouvez retrouver tous mes articles sur ce voyage au Kirghizstan ici :
- Préparer son voyage au Kirghizstan : mon guide pratique
- Voyage au Kirghizstan : de l’inqualifiable beauté de la route de la soie
Ce voyage est le fruit d’une collaboration avec Discover Kyrgyzstan et le support de USAID, United States Agency for International Development. Tous les choix éditoriaux des billets produits suite à ce voyage me reviennent et n’engagent que moi.
16 commentaire
Merci pour cette évasion qui fleure bon la nature préservée , les grands espaces et la liberté ! Une escapade que j’aurais aimé faire il y a quelques années ! Bises
Waouh, quel récit magnifique! la beauté de la nature est juste incroyable et cela ne fait que renforcer mon envie d’aller au Kirghizstan l’été prochain!!
Exceptionnels ces paysages immenses, verdoyants, les chevaux, les montagnes qui jaillissent de l’eau, la lumière sur le lac, les étoiles… Quel voyage !
Ce pays a l’air tellement fantastique ! J’aimerai bien y programmer une petite virée l’été prochain !
Merci de nous faire partager ces magnifiques paysages avec tes photos.
Ps : les photos de nuit sont splendides !
Quelle superbe expérience ! Les paysages sont à couper le souffle ! Je comprend ta tristesse au moment de les quitter. C’est un pays qui me tente bien. J’espère pouvoir le découvrir bientôt.
Mes rêves de Kirghizstan s’étoffent à mesure que je lis les rares articles sur cette destination (que personne n’épelle pareil d’ailleurs XD). Vraiment un très bel article, quelle escapade!
Whouah…. c’est magnifique !!! Je veux y aller aussi !!! C’est tout ce que j’aime, ce côté sauvage en pleine nature où il n’y a quasiment personne !!! Bon c’est décidé après le Mexique et l’Indonésie, je pose une sérieuse option dessus 🙂
Ca semble être un joli pied à terre, niveau logement j’imagine que c’est encore assez peu limité niveau offre location saisonnière?
C’est sympa en tout, on s’eloigne des grandes capitales et villes pour respirer et ça c’est le top!
Au lac il n’y a aucun logement… Il faut faire du camping. Dans les villes on trouve des guest houses ou hotels et en pleine nature soit camping soit camps de yourtes
Merci
Une question ..peux tu partir seul à l’aventure au kirghystan ?
Oh oui sans problème, par contre faut aimer l’aventure. C’est un pays très nature
Tes photos sur facebook laissaient déjà présager quelque chose d’incroyable, mais là j’en suis toute retournée! Quel endroit merveilleux! et quelle épopée :’)
Ces bleus et ces verts sont impressionnants, et donnent envie de s’infiltrer dans cette peinture pour les voir en vrai! Et la pépite de pouvoir passer la nuit à la belle étoile, franchement tu as ajouté une nouvelle destination coup de cœur à mes rêves <3
Oh merci merci merci pour ce mot touchant Alex.
Les photos sont très belles. Cela m’a rappelé notre trek dans ce joli pays méconnu, avec de grands espaces parcourus par des chevaux en semi-liberté.
On était aussi au Kirghizistan en août, un pays magique dont on est tombés amoureux… mais lire ton article nous fait réaliser qu’il y a plein d’endroits encore qu’on aimerait découvrir !!
C’est tellement beau! Exactement le style de paysage que j’affectionne ! Je vais le garder bien au chaud car mon petit doigt me dit qu’il pourrait rapidement me servir 😉