Si quelqu’un m’avait dit avant mon départ en Haïti que je trouverais là-bas une ville où je me sentirais bien et en sécurité, je ne l’aurais certainement pas cru. Et pourtant… Mon coup de foudre pour Jacmel a été immédiat. C’est dans son architecture, son art, sa culture, ses rues vibrantes et ses jolies rencontres que j’y trouve une explication. Malgré ses blessures, Jacmel est belle, caribéenne, historique et photogénique. Elle a un potentiel certain qui pourrait l’amener, si son centre historique est restauré, à être classée un jour au patrimoine mondial de l’humanité.
Jacmel, ville d’histoire et d’architecture
La ville a été ravagée une première fois par un incendie en 1895, reconstruite, avant d’être plus d’un siècle plus tard, de nouveau endommagée lors du tremblement de terre de 2010. Ses ruines, ses portes délavées et rouillées et ses murs fissurés nous racontent tous son histoire, celle d’un comptoir de la compagnie de Saint Domingue qui connut la gloire au 19è siècle, notamment grâce au café, puis de connaître la crise, le déclin puis la chute. J’ai eu vrai coup de coeur pour ses bâtiments mêlant la pierre et le fer, sa rue du commerce où un renouveau s’amorce et les vibrations de ses rues colorées. C’est une ville qui pourrait rejoindre sans l’ombre d’un doute Chiang Mai, Luang Prabang, Udaipur ou Valparaiso dans ma liste de villes où il fait bon flâner. Dans celles-ci, il se passe un petit quelque chose qui fait que l’on s’y sent bien et que l’on a envie de poser ses valises pour quelques jours, quelques mois ou quelques années.
Je crois que « ce petit quelque chose » s’appelle une âme.
Oui c’est ça.
Jacmel a une âme.
Ma promenade commence sur Lakou New York, une jolie balade sur le front de mer où les mosaïques côtoient les poèmes de René Depestre, poète et romancier né à Jacmel en 1926. Au début des années 2000, l’endroit était totalement insécure et l’idée d’une rénovation est venue des locaux qui ont souhaité nettoyer la zone pour la rendre « aussi belle que New York » d’où le joli nom qu’elle porte aujourd’hui. Grâce au guide d’Expérience Jacmel, j’apprends qu’avant la dictature des Duvalier, la ville avait du poids dans les Caraïbes. C’était le port central qui desservait le courrier dans les Antilles et c’est cela qui lui a valu d’être la première ville du pays à recevoir l’électricité en 1925 et un vrai système de canalisation pour l’eau potable. Elle fût alors surnommée la cité des lumières.
L’âme de Jacmel se trouve dans les détails de ses rues
L’âme de Jacmel, je la trouve en me promenant dans ses rues, en découvrant ses murs abimés et en observant la vie. Dans ses dédales, il y a ces jeunes qui jouent au foot ou au basket sur la place centrale, ces vieux qui jouent aux dominos sur la galerie d’une église fermée ou encore le va-et-vient de jeunes filles apprêtées. Mon regard croise tour à tour un vieux marché en fer qui tombe en ruine, une chèvre errante, un jeune couple d’amoureux, un stand de rue qui vend du rhum, des balais (ah les balais du monde, j’adore), le rideau d’un bar qui s’envole poétiquement, de vieilles publicités délavées peintes sur des portes en bois ou des plantes qui poussent sur de jolies ruines…
Jacmel se hume, se vit, se regarde. Elle nous invite à la flânerie ou à nous arrêter pour quelques minutes papoter avec ceux qui nous offre leur regard.
Jacmel nous charme et nous invite à mettre le temps sur pause.
En me baladant j’ai croisé de nombreux instants basics et naturels à côtés desquels j’aurais pu passer sans y prêter attention et qui pourtant m’ont interpelée et offert un petit moment de magie ou de poésie. Je vous offre aujourd’hui ce petit florilège d’instants.
Jacmel, ville d’art
L’âme de Jacmel se trouve aussi dans son art. La ville est connue à travers le pays pour son carnaval où défilent des figures aux grosses têtes réalisées en papier mâché. On les fabrique à Jacmel depuis plus d’un siècle mais il n’y a pas que cela ici. C’est en se promenant à travers la ville que l’on découvre combien elle est créative. Il y a toutes ces mosaïques réalisées pas les enfants de l’association Art creation Foundation for children, et puis ces boutiques qui vendent des masques en papier mâché, des objets décoratifs en tous genres et des peintures naïves.
Haïti est de manière générale un pays très créatif. Certains l’expliquent par le fait qu’il y a très peu d’emploi dans le pays donc les arts (la peinture, la littérature, la musique, les arts graphiques en général) sont un moyen de s’exprimer et de s’occuper. Il suffit de se promener Rue Saint Anne ou Rue Henri-Christophe à Jacmel pour s’en rendre compte.
Les jolis sourires de Jacmel
Jacmel restera aussi la ville de ces 4 jolis sourires. L’âme de la ville se trouve aussi dans ses habitants et quand ils nous offrent de si jolis sourires, on ne résiste pas.
Mes camarades faisaient les boutiques alors que fidèle à moi-même je trainais mon appareil photo. Ces 4 chouquettes l’ont vu et m’ont demandé de les prendre. D’abord les toutes ensembles puis elles se sont mis à poser une à une devant mon objectif. J’ai trouvé là la timide, la coquette, la malicieuse ou la charmeuse. Un super moment spontané qui se ressent grandement dans ces photos.
Un peu plus loin il y a eu ce petit bonhomme. « C’est son anniversaire alors il s’est fait beau aujourd’hui » nous dit sa maman. Tellement à croquer avec sa petite fossette.
Voilà pour Jacmel et l’âme de la ville mais la découverte ne s’arrête pas là aux portes de la ville. Elle y commence !
Bassin bleu ou… bassin marron ?
On m’avait vendu du rêve à près d’une heure de route de Jacmel… Une succession de bassins avec une eau bleue turquoise et translucide mais ça c’était sans compter la pluie qui s’est invitée lors de notre séjour. « Il fait toujours beau pourtant à cette saison » m’a t-on confirmé. Ben voilà j’ai dû porté la poisse et au lieu de voir bassin bleu, ben j’ai vu bassin marron ! Mais c’était beau aussi bassin marron seulement j’ai eu beaucoup de mal à imaginer une eau translucide ici. Il parait qu’il faut 5 jours sans pluie pour que cela revienne. Bon ben vous savez quoi ? ça me donne une raison d’y retourner !
Sur le site, la végétation est luxuriante et les verts contrastés. Les guides nous mènent sur un chemin bien balisé jusqu’au dernier bassin où il faut s’aider d’une corde pour descendre. Allez-y le plus light possible car, surtout en cas de pluie, c’est glissant et on traverse les courants d’eau. Même si les guides sont là pour nous offrir leurs mains pour les traverser, le risque de tomber est quand même bien là.
La piste pour y aller est chouette aussi et offre de belles vues sur la baie de Jacmel. Petit bémol, c’est le seul endroit en Haïti où j’ai vu des enfants mendier. Si vous allez dans le coin, ne donnez surtout pas d’argent, ce n’est pas un service à leur rendre et surtout donner à l’un c’est inciter les autres (ainsi que les enfants qui n’y sont pas encore) à venir.
Visiter Jacmel, l’âme du sud d’Haïti
Jacmel vraiment de s’y arrêter quelques jours pour explorer la ville mais aussi ses alentours. C’est d’ici que vous pourrez explorer la route du café ou Bassin Bleu. Pour toutes ces visites mais aussi explorer l’art, la cuisine ou la culture de Jacmel, je vous conseille Expérience Jacmel une équipe de guides locaux jeunes et dynamiques. Leur bureau se trouve sur Lakou New York sur le front de mer ou contactez-les via leur page facebook. En faisant appel à eux pour vous guider, vous participerez à votre tour à soutenir le tourisme responsable en Haïti.
Il y a plusieurs options d’hôtels à Jacmel. Si j’y retourne un jour, je me payerai le luxe de m’offrir une chambre à l’hôtel Florita situé au coeur du centre historique de la ville.
Aller plus loin sur le tourisme en Haïti
Haïti est une destination qui m’inspire ! Retrouvez ci-dessous tous mes articles :
- Décollage immédiat pour Haïti
- Croire au voyage responsable pour relancer le tourisme en Haïti
- La route du café, une aventure humaine et solidaire à vivre en Haïti
- Voyager en Haïti : entre émotions intenses et prises de conscience ma chronique chez Chapka
Je vous recommande aussi d’aller faire un tour sur Babel Voyages pour toutes ses bonnes adresses et sur Curieuse Voyageuse pour y lire ses récits de voyage en Haïti.


4 commentaire
Vraiment superbe cette ville ! Et ça a son charme aussi l’eau marron avec toute cette verdure ! 😉
Ton voyage me fait vraiment m’évader 🙂 J’adore les ambiances de carnaval et celui de Jacmel a l’air superbe !
Superbe article et magnifiques photos. C’est une ville très colorée que j’aime beaucoup. Merci pour votre récit très complet.
Bonjour,
Je suis tres admirative de votre article.
Moi aussi j’étais à Jacmel en aout 2017 avec mon oncle et une amie. C’était une magnifique experience que je voudrais revivre.
Est ce vraiment possible de voyager seule ?