Table des matières
J’ai pour habitude de dire qu’être voyageur c’est avant tout avoir une attitude, un état d’esprit. Pour moi j’ai l’impression que c’est même un art de vivre. Que je sois ici ou ailleurs, je prends ma vie comme un voyage fait de rencontres et de découvertes. Je me suis laissée embarquer par l’association Baština dans un voyage à Paris. Destination Chateau Rouge, c’est le récit d’une aux airs d’Afrique dans le quartier du petit Mali dans le 19è arrondissement de Paris. .
Arrivée à Chateau Rouge
Le quartier de Chateau Rouge n’a pas vraiment bonne réputation à Paris. Moi je vais être honnête je n’y ai jamais mis les pieds. Ce matin-là j’y vais comme j’irais dans tout autre endroit du monde : avec la curiosité d’une première rencontre. J’ai rendez-vous avec Stefan de l’association Baština et Youssouf, un jeune malien arrivé en France il y 5 ans. Un peu en avance au rendez-vous, j’observe la vie grouillante et on ne peut plus animée de ce quartier. On se dit bonjour, on se sert la main, on se donne des nouvelles… Et oui, le week-end on vient de partout en région parisienne pour s’approvisionner des produits du pays, voir les potes et parler de choses et d’autres j’ai l’impression… Durant cette dizaine de minutes, j’aurais pu me faire faire 10 fois les ongles, poser des extensions sur mes cheveux (tellement plats et lisses que je ne sais comment de telles choses auraient pu tenir) ou encore me faire épiler… Des sud-africains supporters des springbok débarquent du métro, un petit black descendant l’avenue leur dit « pour aller à la basilique tu montes là et tu tournes à droite, à gauche et tu y arrives ». Ils sont plutôt conviviaux dans le quartier, qui a dit qu’on savait mal accueillir les touristes en France ? Quelques secondes plus tard, il se fera gentillement charrier par ses potes « hé t’es devenu guide maintenant ? »… ah ah j’adore !
J’arrive au lieu du rendez-vous où Stefan souhaite la bienvenue à notre petit groupe du matin. Lui qui prône avec son association un tourisme responsable, nous rappelle qu’un voyage commence chez nous. Aller à la rencontre des communautés de migrants en France, c’est aussi une première approche d’un pays, de ses us et coutumes. Certainement une façon différente de susciter l’envie de découvrir d’autres cultures. C’est parti pour 2h30 de promenade à travers le Mali du 18ème, sa culture, ses savoirs faire et ses saveurs !
La balade commence et après seulement quelques mètres, Youssouf s’arrête devant une échoppe, son oeil a été attiré par un panier posé simplement sur un petit tabouret en plastique. Dans celui-ci, des noix de Kola. Ce fruit est symbole de respect dans son pays. Aucun mariage, baptême ou réception n’est célébré sans offrir des Kolas, une façon de souhaiter la bienvenue aux invités. Bien sûr un morceau nous a été offert, j’ai pris ce signe comme une belle invitation dans ce quartier !
Nous passons d’échoppe en échoppe… Un tailleur, un bazar où l’on trouve de tout : des livres sur l’islam à l’encens pur (que je n’avais jamais vu auparavant) en passant par du savon noir et du beurre de karité (très bon pour extirper les pouls des têtes des enfants parait-il). Youssouf nous fait découvrir la brosse à dent naturelle et ira même jusqu’à nous faire une démonstration sur le trottoir !
Le marché Dejean, c’est Bamako
Nous arrivons au marché Dejean. « Ici on se croirait à Bamako » nous dit Youssouf… Et c’est vrai qu’on s’y sent ailleurs. La population est cosmopolite, les fruits, les légumes, les poissons viennent d’Afrique ou d’Asie… Seul le froid nous rappelle que nous sommes en France un jour de novembre. Mon appareil photo dérange, les regards se figent… Que viennent-ils faire ici ces touristes ? Même avec des gens du pays la méfiance est là. Je ne leur en veux pas, les médias ne dressent pas un joli portrait de ce quartier. Malheureusement. Je comprends leurs appréhensions et leurs craintes et je décide de ranger mon boitier. De toute façon j’ai l’impression que la rue Dejean se vit plutôt qu’elle ne se photographie ! De têtes de moutons en pieds de cochons, de poules fumées en poissons du Nil, on vient de loin pour s’approvisionner.
Nous continuons notre route et nous arrêtons dans un magasin de tissus. Bonheur pour les yeux. : les wax sont magnifiques. Ici on nous explique qu’à chaque événement son tissu. Pas un baptême, un mariage, la venue d’un président étranger sans son tissu dédié… Certains se revendent même à prix d’or au marché noir ! Voilà pourquoi quand on achète un tissu africain, il est intéressant de demander son histoire. Je n’ai pas craqué ce jour-là mais je pense sincèrement que j’y retournerai !
Après près de 3h de balade passées à une vitesse folle, on aurait pu terminer par un repas mais c’est autour d’un chocolat chaud que nous avons préféré nous retrouver. Se réchauffer avant de rentrer… J’arrive à Porte de Saint Cloud où la vie est moins colorée, moins cosmopolite et tout d’un coup plus froide, moins chaleureuse, moins animée…
J’ai aimé me balader dans les rues de Chateau Rouge en compagnie de Youssouf, Stefan et tous les autres. Moi qui ne connait pas le continent africain, c’était une belle manière de m’y initier et de me donner envie et d’un jour peut-être m’envoler vers l’Afrique sub-saharienne. Pour ceux qui auraient peur d’aller dans ce quartier, le visiter avec les migrants de l’association Baština, c’est génial. Ils nous ouvrent des portes et partagent leur culture avec plaisir, nous emmènent dans leurs petites adresses. Un conseil : allez-y avec votre plus beau sourire et vous vivrez des moments très sympas ! Après cette balade j’ai l’impression que le coeur des africains est difficile à conquérir mais une fois la glace brisée et la confiance acquise, l’Afrique c’est que du bonheur ! Il ne me reste plus qu’à aller vérifier mon ressenti sur le terrain, non ?
Pour finir ce voyage en terres africaines, je vous propose un voyage en musique avec quelques sons du Mali et du Sénégal.
Informations pratiques
Coût de la balade de 2h30 : 15€ – Tous les renseignements sur les événements sont dans la rubrique Si proche en France sur le site Bastina.fr
L’association Baština sera présente dimanche 1er décembre à la 4ème Biennale du livre et du film de voyage de Marly-la-ville pour une table ronde sur le voyage imaginaire.
10 commentaire
Excellent article. Grâce à vos merveilleux images attirantes, l’Afrique est fantastique.
Pour moi,visitez Afrique est une bonne idée pour les voyageur.Merci pour cette information de mon continents.bonne continuation
Et t’as réussi à la manger, la noix de kola ?
C’est censé être un « super-excitant », qui te donne de la force, te maintien en éveil. Mais ça a quand même un goût très particulier…
J’ai testé mais c’est très amer, pas trop mon truc…
Tiens tu n’es pas allée dire bonjour à notre ami Henri-David Cohen, le tourdumondiste backpacker comédien qui vit à chateau rouge et ne manque pas de parler de son quartier dans son spectacle bien marrant! Sinon moi j’y suis allée pour la fête de la musique dans un bar bien sympa, mais plutôt style branché qu’africain, comme quoi le quartier change.
ah ben non je ne l’ai pas croisé ce matin-là… Il est pleine préparation de son prochain spectacle il devait travailler… (ou dormir parce qu’il était tôt) !
Hello !
très chouette article !
Je suis tellement d’accord avec toi « être voyageur c’est avant tout avoir une attitude », je dis d’ailleurs souvent que le voyage est dans l’esprit de celui qui le vit…
Et cette balade à Château Rouge, c’est devenu pour moi un classique… tout comme la découverte du Mali en vivant à Paris avec mon tout nouveau mari, venu de là-bas…
Bref, je ne peux qu’inciter les lecteurs à faire comme toi 🙂
Aurélie
Chouette promenade
J’ignorais qu’un tel quartier existait à Paris… on se croie vraiment ailleurs !
Tu as pris de chouettes photos moi qui n’y vais jamais, ça m’a donné envie de m’y ballader !
Cà donner envie d’aller à Paris et au Mali ! Cela dit c’est un peu risqué d’aller là bas en ce moment non ?