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Leipzig : visiter un bunker de la Stasi

par Adeline
Publié Mis à jour le

Le jour où l’on m’a proposé de visiter un Bunker de la Stasi près de Leipzig, je me suis dit « oops bizarre cette proposition ». Ce genre de tourisme du souvenir n’est pas vraiment mon truc mais après réflexion puis je me suis rappelée que nous étions en 2014 et que le 9 novembre prochain nous fêterons les 25 ans de l’Allemagne réunifiée. Alors pourquoi pas se souvenir ?

J’avais 16 ans quand le mur de Berlin est tombé. Je me souviens comme si c’était hier des images qui tournaient en boucle à la télévision : celles des quelques semaines de bouillonnements du peuple de l’est qui ont précédé celles de ce jour que tout le monde attendait, celui où enfin le mur tombait. La délivrance. Visiter ce bunker, c’était une manière de revenir sur le passé, celui du jour où je m’étais promis d’aller en Allemagne pour comprendre cette frange de l’histoire. J’y étais. C’était l’heure de ce rendez-vous… 25 ans après.

Accompagnée d’un petit groupe de blogueurs venus d’Europe et d’ailleurs, nous partons en direction de Machern. A la sortie de ce village situé à une trentaine de kilomètres de Leipzig, nous prenons un chemin et arrivons au bord d’un étang où des cygnes barbottent. L’environnement est bucolique. Il serait presque romantique.

Nous ouvrons une barrière puis traversons une belle forêt, verte et luxuriante. Cette image sera la dernière que je verrai en couleur !

Visiter un bunker - Forêt près du bunker

A l’époque, ce site de 5 hectares était officiellement le camp de vacances de la compagnie nationale de traitement des eaux. Officieusement il cachait un bunker qui permettrait aux officiels de la Stasi de se retrancher en cas d’attaque nucléaire. Derrière cette porte : l’entrée.

Visiter un bunker a leipzig - eingang zum bunker

Au bout de ce bâtiment se trouve l’entrée de ce bunker de 1500 m2 bien pensé qui pouvait abriter jusqu’à 120 hommes pendant 6 jours. Quelques consignes de sécurité (mieux vaut ne pas être claustrophobe) et nous descendons à près de 3 mètres sous terre par ces escaliers aux marches inégales. Tout est en l’état. Rien n’a bougé.

Visiter un bunker - entrée du bunker

C’est en 1967 que Erich Mielke, le chef de la Stasi, ordonne la construction d’un bunker dans tous les districts d’Allemagne de l’Est. Celui-ci fût construit la nuit entre 1968 et 1972 et opérationnel en 1974. Dès les premiers mètres, on aperçoit une première porte blindée, la première d’une longue série. Derrière un appartement plutôt bien organisé.

Visiter un bunker - Porte blindée

Ici la console retraçant le plan du bunker où les boutons s’allument si les portes sont ouvertes.

Visiter un bunker - Console de sécurité du bunker

La chambre/bureau du chef

Visiter un bunker - Chambre des officiers

Un des dortoirs

Visiter un bunker - Dortoir_

La salle des machines

Visiter un bunker - Salle des transmissions

Après une heure à l’intérieur, c’est l’heure de la sortie.

Visiter un bunker - ausgang

Heureuse de revoir la vie en couleur.

Visiter un bunker - Prairie près du bunker Leipzig

Visiter un bunker fait froid dans le dos, c’est prendre conscience de la réalité de la guerre froide et surtout de l’angoisse dans laquelle a vécu l’Allemagne de l’est pendant plus de 30 ans. La Stasi était une organisation bien ficelée avec des bureaux et un bunker dans chaque district (15 en Allemagne de l’est). Environ 1,5% de la population faisait officiellement partie de cette organisation secrète et près de 10% y participait de manière non officielle.

Comme je l’ai dit plus haut, j’étais accompagnée d’autres blogueurs lors de cette visite dont un allemand né à l’ouest. Une partie de sa famille vivait à l’est et il se souvient, alors qu’il était enfant, de ses visites une fois par an à son oncle et sa tante, du passage des frontières et de la voiture littéralement vidée. C’était intéressant d’avoir son point de vue et comprendre que dans cet état sous surveillance, il y avait tout de même quelques bonnes choses comme le plein emploi ou la bonne organisation des crèches et des écoles.

Le peuple de Leipzig a joué un rôle prépondérant dans la révolution pacifique qui a mené à la chute du mur puis à la réunification. Il existe un petit parcours dans la ville, « sur les traces de la révolution pacifique », qui retrace tous les événements de janvier à novembre 1989. Le point d’orgue de ce parcours est à mon sens la visite du siège de la Stasi de ce disctrict, le Runde Ecke, qui a été transformé en musée. L’exposition permanente « Stasi – pouvoir et banalité » est la seule du genre à exister en Allemagne de l’est et la ville de Leipzig y tient beaucoup. C’est de son devoir de sensibiliser les jeunes générations à ce que fût cette dictature, leur faire prendre conscience de l’évolution de la société depuis ces années noires et dire PLUS JAMAIS CA.

Visiter un bunker - Runde Ecke Leipzig

A l’intérieur du bâtiment, rien de moderne. Tout est vintage et c’est voulu : les murs jaunes, le lino au sol et les tableaux retraçant ces 30 ans d’histoire sont des collages. Tout est en allemand, je recommande donc de prendre l’audioguide (4€). On passe les salles en apprenant comment l’organisation fonctionnait, comment le peuple était sous surveillance constante, comme étaient recrutés les agents et des petites histoires comme celle de collégien qui, dans une rédaction remettait au cause le prix d’une traban ou le sens du mur de Berlin. Son professeur alerta alors le proviseur qui lui-même alerta la Stasi qui lança une enquête sur le jeune homme et sa famille. Il fût établit un profil psychologique et si le mur n’était pas tombé quelques semaines après, ce jeune homme aurait été interdit d’études supérieures à vie.

Comme je l’ai dit au début, le tourisme du souvenir n’est vraiment pas mon truc mais je recommande vivement cette visite. En Allemagne, notamment à Berlin et ici à Leipzig, on ne nie pas l’histoire et il est intéressant de voir à quel point le pays tient à ne pas oublier, à sensibiliser pour que jamais cela ne recommence. Ces deux visites ont bien complété celle sur la vie en DDR vue à Berlin en mars dernier.

Ici je vous ai présenté la phase un peu noire de Leipzig. Aujourd’hui c’est une ville en mouvement, assez dynamique, plutôt hype qui mérite le détour et ça je vous l’expliquerai dans un prochain article !

Visiter un bunker et le Runde Ecke : carnet pratique

Le Runde Ecke se trouve en plein centre ville de Leipzig. L’exposition est gratuite mais tout est en allemand. Comme dit plus haut je conseille l’audioguide à 4€ pour avoir des explications complètes.

La visite du bunker se fait uniquement en allemand et à des dates et heures bien précises (dernier week-end de chaque mois) ou sur demande pour des groupes.

Toutes les infos sur ces deux sites sont regroupées sur le site internet du Runde Ecke.

Plus d’infos sur la ville : Leipzig Tourism

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5 commentaire

olivier mardi 10 juin 2014 - 16:16

c’est vrai que ça doit faire drôle de visiter ce genre de lieux. Quand j’étais petit, j’étais allé dans un camp de concentration et je trouve que ça marque à vie.

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Clara jeudi 12 juin 2014 - 20:44

Ca me fait bizarre, parce que mes grands-parents paternels avaient un terrain avec une petite maison à Machern… J’y ai passé toute mon enfance à me balader, jouer, être dans la nature, j’aimais beaucoup! Je ne me serai jamais doutée de la présence d’un bunker de la Stasi à cet endroit et mon papa non plus!

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Adeline dimanche 15 juin 2014 - 10:05

Ah c’est dingue et en même temps cela ne m’étonne pas Clara. Cet endroit est secret, bien dissimulé et c’est vrai qu’on ne peut pas du tout se douter qu’un bunker se cache dans cette jolie forêt et pourtant…

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Fabien mardi 17 juin 2014 - 12:11

Je m’intéresse beaucoup à l’histoire de cette époque, j’irais faire un tour si j’arrive à le trouver pendant mon passage en Allemagne, ça l’air d’une vraie mine d’information historique !

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Vic75 mardi 17 juin 2014 - 15:23

J’ai déjà eu l’occasion de visiter un bunker du KGB, ça faisait froid dans le dos. Le vert sur les murs, des instruments plutôt étranges qui soit disant ne servaient pas à torturer, l’endroit en lui même était effrayant.
Ça m’a fait autant de frisson que lorsque j’ai visité Auschwitz-Birkenau. Une sensation assez étrange quand on entre dans les lieux nous envahit…
Mais bon c’était un lieu que je me devais de visiter !
Victoria

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