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Comment gérer un coup de blues quand on voyage seule ?

par Adeline
Publié Mis à jour le

Les coups de blues quand on voyage seule, ça arrive ! Ou loue souvent les bienfaits du voyage en solo mais rarement les côtés plus négatifs qui peuvent nous faire tomber dans un trou noir dont on a du mal à s’extirper. Après les non-dits du voyage en solo, je vous propose de vous accompagner pour comprendre les causes de votre coup de blues, avoir conscience des conséquences et vous donner des pistes pour trouver les solutions afin d’éviter de prendre la décision ultime de rentrer à la maison. En filigrane, je vous raconte l’histoire de mon plus gros coup de blues de voyageuse solo.

Les causes du coup de blues de la voyageuse solo

La solitude, une mauvaise rencontre, une nouvelle du pays qui nous rend triste, une destination qui ne nous plaît pas ou simplement un petit grain de sable qui vient enrayer le fil de notre voyage et le coup de blues est vite arrivé. On a beau se préparer, parfois les sentiments exacerbés liés à la solitude et la perte de repères, prennent le dessus et nous entrainent dans un tourbillon négatif. Nous ne sommes jamais réellement préparées à ce qui peut nous attendre lorsque l’on voyage seule. De nombreux paramètres agissent sur notre moral en voyage : une culture décalée, une langue qu’on ne comprend pas, des rencontres difficiles à faire ou même la météo peuvent contrarier notre aventure !

Quand le coup de blues nous tombe dessus, il ne faut surtout pas se mettre la pression et se poser afin d’analyser les causes de notre mal-être pour savoir se relever.

Mon plus gros coup de blues de voyageuse solo

J’ai eu plusieurs coups de blues lors de mon tour du monde dont 2 assez mémorables. L’un en Inde et l’autre en arrivant en Amérique du sud. C’est ce dernier que j’ai choisi de prendre en exemple puisqu’à ce moment-là je n’excluais pas le retour en France, contrairement à mon coup de mou en Inde. Les causes de ma déprime étaient nombreuses et plutôt que de prendre la décision radicale de rentrer, j’ai voulu prendre mon temps pour les analyser.  Cela faisait 8 mois que je voyageais seule et je venais de passer deux mois géniaux en Océanie. Entre une amie de longue date venue me retrouver en Australie et les 2 semaines passées avec mes copines néo-zélandaises rencontrées en Inde, le retour à la solitude a été dur à encaisser. Pour couronner le tout, j’arrivais sur un continent que je ne connaissais pas et qui me faisait un peu peur et une langue, l’espagnol, que je ne maitrisais pas du tout ! Bref j’étais en plein dans le fameux coup de blues des 8 mois de voyage dont un voyageur m’avait parlé avant mon départ !

A mon arrivée en Amérique du sud, je suis partagée entre l’envie de rentrer et celle de continuer. Je décide donc de ne pas surcharger mon séjour au Chili et de me poser plusieurs jours dans chaque endroit que je compte visiter pour me laisser le temps de me poser et d’analyser la situation.

Les raisons de ce coup de blues n’ont pas été difficiles à trouver. Parmi celles-ci :

  • Le retour à la solitude après 2 mois avec des proches et des moments intenses partagés
  • L’arrivée sur un continent inconnu cause de stress
  • Une langue que je comprends à peu près mais que je ne parle pas
  • La fatigue de voyager seule
  • La fatigue de répondre toujours aux mêmes questions et d’un manque de profondeur dans les échanges.

Bref rien de très grave mais…

Les conséquences de ce coup de blues

Les coups de blues agissent négativement sur notre moral et peuvent nous mener à prendre de mauvaises décisions. Il ne faut surtout pas agir de façon impulsive car le coup de blues n’est que de passage. Il suffit d’une belle rencontre et le moral repart à la hausse !

Cependant la liste des conséquences est longue : le repli sur soi, l’absence de rencontres (quand on est négatif on ne rencontre personne), le manque de motivation pour faire quoique ce soit, des soirées à pleurer, des amis qui ne nous comprennent pas…

Plus on s’enfonce dans la déprime et plus c’est difficile de se relever ! Je n’ai pas voulu rentrer dans cette spirale infernale.

Citation voyage : ce n'est pas le voyage qui amène aux rencontres mais la disponibilité de l'esprit" Alain Kalita

Mon coup de blues au Chili et ses conséquences

A mon arrivée au Chili, j’ai passé 3 jours à Santiago, une ville que je n’ai pas vraiment visitée puisque j’étais sous le coup d’une terrible fatigue liée au changement de fuseau horaire assez déstabilisant. Partie de Auckland à 16h, je suis arrivée au Chili le même jour à midi (soit 4h avant mon départ). Je ne savais plus qui j’étais, si je devais dormir ou rester éveillée. Bref j’ai dormi 2 jours.

Le 3ème jour, je n’ai pas trouvé la motivation pour sortir de mon auberge. J’étais vraiment au plus bas, partagée entre l’envie d’aller découvrir la ville et la peur de sortir… La peur a gagné. Un peu tétanisée. C’était la première fois que je vivais ce genre de chose. Heureusement, le lendemain je partais sur l’île de Pâques pour 5 jours, une île que je rêvais de visiter depuis longtemps et un séjour pas trop fatigant en perspective. J’avais l’envie d’en connaître plus sur les Moai et l’isolement me donnerait certainement l’occasion de me poser pour réfléchir à ce que j’allais faire par la suite en Amérique du sud.

Gérer un coup de blues en voyage #voyagerseule

Les conséquences de mon coup de blues au Chili :

  • Difficile de trouver la motivation de me lever le matin
  • Des envies peu tranchées contrairement aux mois précédents (et quand on est seule à prendre des décisions, c’est un vrai problème)
  • Impossible de faire des rencontres dans l’état négatif dans lequel j’étais
  • L’envie sous-jacente de rentrer en France

Comment retrouver le goût de voyager seule

Quand on voyage seule et que l’on fait face à un moment de déprime, deux solutions s’offrent à nous : se poser, réfléchir et analyser ou rentrer chez soi. On se moque souvent des voyageurs qui partent pour quelques mois et disent « prendre des vacances » pendant leur voyage au long cours. C’est une réalité, on a tous besoin de se poser, ne rien faire et d’arrêter de penser au lendemain. C’est très important de s’octroyer du temps pour soi, sans pression. D’autant plus quand on voyage seule puisque l’on organise toute seule, on fait face aux imprévus et aux galères seule. Comme dans la vie de tous les jours, le quotidien est parfois pesant et on éprouve le besoin de se reposer l’esprit pour avancer plus sereinement par la suite.

Se poser, surtout dans ces moments plus négatifs, permet de s’interroger sur le pourquoi du voyage ? Se remettre en question ? Se pousser dans ses retranchements.

Comment ai-je retrouvé l’envie d’avancer sur l’île de Pâques ?

Quand je suis arrivée sur l’île de Pâques, j’ai été accueillie avec le sourire et un collier de fleurs. C’est la tradition sur les îles du Pacifique. Déjà ça, ça te remet le sourire aux lèvres. Et après l’île de Pâques… Franchement a t-on le droit d’être malheureux quand on a la chance d’aller sur cette île ? Ces 5 jours au coeur de ce petit îlot éloigné de tout m’a aidé à relativiser ! J’ai posé les plus et les moins de mon voyage et ainsi pris conscience que je réalisais mon rêve de faire un tour du monde, que j’avais eu l’audace de tout quitter et de me donner les moyens de le faire. Il n’était pas du tout question de flancher dans la dernière ligne droite ! J’étais à 4 mois de mon retour en France.

J’étais heureuse de réaliser ce rêve mais j’ai aussi pris conscience de la pression que je m’étais mise, du fait qu’elle reposait sur mes seules épaules et de la fatigue qu’elle engendrait. Aussi la grande décision que j’ai prise a été de ne plus courir, ne pas vouloir « tout voir ou tout faire », ce qui techniquement est impossible. Soyons francs. J’avais aussi la perspective dans les semaines suivantes de pouvoir me reposer un peu sur les épaules de deux amis qui venaient me rejoindre pour quelques semaines. L’un au Pérou, l’autre en Argentine.

Quelles questions se poser pour contrer ce coup de blues ?

Plutôt que de sombrer dans la déprime, il est bon de se rappeler le POURQUOI de ce voyage. Prenez un papier et un crayon et essayez de répondre à ces questions :

  • Pourquoi suis-je partie en voyage ?
  • Pourquoi ai-je choisi ce(s) pays ?
  • Pourquoi ai-je autant le désir de voyager ?
  • Qu’est-ce qui me manque quand je voyage ?
  • Qu’est-ce qui m’attend dans les jours qui suivent et qui va me rendre heureuse ?
  • Dresser la liste des points positifs et négatifs de ce voyage

En répondant à ces questions, vous trouverez les réponses à certaines questions, notamment « qu’est-ce qui m’arrive » ainsi que la force nécessaire pour continuer.

Comment gérer le coup de blues quand on voyage seule ?

Vous l’aurez compris dans le déroulé de cet article, pour gérer au mieux son coup de blues, il faut se poser, réfléchir et analyser pour régler le problème. Voici une petite liste des choses potentielles à faire pour gérer votre coup de blues :

  1. Accepter son moment de faiblesse et se faire plaisir ! Un massage, quelques nuits dans un hôtel de luxe,… Faites selon votre envie du moment.
  2. Appeler une amie pour se faire remonter le moral. Avec Whatsapp ou Skype, c’est facile de passer le coup de fil à un ami. Vous avez certainement dans votre entourage l’amie qui vous connait par coeur, à qui vous pourrez avouer votre moment de faiblesse, qui vous poussera dans vos retranchements et qui saura trouver les mots juste pour vous remotiver. ça coute pas cher et ça fait du bien.
  3. Trouver une routine, un petit objectif à sa journée. Quand on part en voyage, on perd ses repères. Cette routine que l’on a eu tellement de plaisir à abandonner, vient parfois à nous manquer en voyage. En retrouver une, c’est retrouver un rythme. ça peut être commencer sa journée par un peu de méditation ou de yoga, un moment de lecture… La routine est très personnelle. Trouvez la vôtre.
  4. Se poser pour avoir le temps de faire des rencontres. Le secret pour faire des rencontres quand on voyage seule, c’est de se poser. Vous ne rencontrerez personne si vous faites des sauts de puce d’un ou deux jours alors posez-vous, allez vers les autres dans votre dortoir ou dans l’espace commun de votre auberge et échangez.
  5. Faire du volontariat. Après le départ de mon ami avec qui j’avais voyagé 3 semaines au Pérou et après un petit stress au Machu Picchu, je suis retombée dans un petit moment de faiblesse. Par hasard je retombe sur un voyageur rencontré quelques semaines auparavant au Chili qui me propose de faire une semaine de volontariat à Yanapai, une école de Cusco qui accueille tous les après-midis des enfants en difficulté familiale. J’ai vu ça comme une nouvelle occasion de me poser, de rencontrer d’autres volontaires et me redonner une certaine routine. C’était génial.
  6. Une autre façon de se poser est de s’inscrire dans une école pour apprendre la langue du pays. ça se fait beaucoup en Amérique du Sud, notamment à Sucre en Bolivie. J’ai toujours regretté de ne pas l’avoir fait mais je n’avais plus le temps. Il fallait que j’avance pour retrouver mon amie à Buenos Aires en Argentine.
  7. Trouver un tour de quelques jours pour se reposer l’esprit. Je l’ai fait plusieurs fois durant mon tour du monde. J’ai en tête ces trois jours dans un écolodge dans la forêt amazonienne en Bolivie ou cette épopée dans le désert du Thar en Inde. C’est reposant de se faire prendre en charge de temps en temps et ça permet de rencontrer d’autres voyageurs.
  8. Rencontrer, parler et avouer son moment de faiblesse. Il faut évacuer les choses et c’est en parlant que vous pourrez passer à autre chose. Vous trouverez certainement de la bienveillance auprès d’autres voyageuses ou voyageurs. L’entraide fait aussi partie du voyage.
  9. Arrêter de vous mettre la pression pour rendre votre voyage parfait. Vivez l’instant présent !
  10. Vous donner un bon coup de pied au cul parce que vous avez eu l’audace de vous lancer dans la réalisation de votre rêve… Pourquoi tout abandonner ?

Même si le voyage en solo existe depuis longtemps, merci Alexandra David-Néel, Isabel Erberhardt et les autres d’avoir ouvert la voie, il s’est bien démocratisé ces dernières années. Les blogs et réseaux sociaux ont vanté les avantages de ce mode de voyage et l’envie de tenter l’aventure s’est fait plus pressante chez certaines, quitte à se lancer sans avoir conscience de ce qui les attendait. Il faut admettre que voyager seule en sac à dos n’est pas fait pour tout le monde.

Même si on est rarement seule, il faut tout de même avoir un peu d’audace en stock et un sacré caractère solitaire pour se lancer dans cette expérience.

Il faut aussi prendre conscience qu’on ne voyage plus en 2019 comme on voyageait au début des années 2000. En 20 ans, l’explosion de la bulle internet et des réseaux sociaux ont mis une sacrée dose de pression sur les épaules de chacun pour réaliser le voyage parfait. Aujourd’hui il faut aller dans les plus beaux endroits de la planète, prendre la photo parfaite, quitte à faire la même que tout le monde, montrer combien c’est génial et combien on s’éclate quitte à délaisser ses plus profondes envies pour rentrer dans un moule. Quitte aussi à dire que tout va bien quand tout va mal !

Ce n’est pas ça voyager, surtout pas quand on voyage seule !

Le voyage parfait est justement celui qui est imparfait. Celui avec ses hauts et ses bas, ses émotions intenses, ses instants suspendus et ses galères, ses rencontres inoubliables et d’autres moins mémorables.

Au bout du compte, c’est l’addition de tous ces moments parfaits et imparfaits qui composent nos souvenirs de voyage. Ne vous laissez pas cueillir par le premier coup de vent qui viendra balayer votre idéal de voyage.

Ces coups de déprime quand on voyage seule, sont la norme. Ils vont et viennent. C’est ça le lâcher prise, on laisse entrer les émotions sans filet, quitte à avoir des petits moment de moins bien.

Vivez ces moments imparfaits, ils entreront plus tard dans la liste de vos souvenirs inoubliables voire même dans celle des petites fiertés de votre vie.

Citation voyage Nicolas bouvier

Retrouvez tous mes articles dédié au solo dans ma rubrique Voyager seule. Parmi eux :

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9 commentaire

Lorenzo mardi 30 avril 2019 - 13:50

Franchement, je t’admire à continuer à partir tout seule comme ca à l’aventure… de temps en temps je dis pas, ca permet de se retrouver mais faire un tour du monde pendant plusieurs mois seule avec toi-même, pas toujours évident en effet… et c’est bien normal car t’es confrontée à la solitude et t’es face à toi même.

Après, je dis pas, niveau méditation et évolution spirituelle, on doit être pas mal car on doit beaucoup apprendre en terme d’introspection intérieure !

Moi perso, à choisir, je préfère quand même voyager à 2, mais je respecte ce choix 🙂

Après tout le voyage est propice à la rencontre 😉

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Fred mardi 30 avril 2019 - 17:26

Très bel article, très intéressant. Merci pour ta sincérité. Je t’admire, je n’aurai jamais le cran, l’audace, le courage de partir seule à l’autre bout du monde…enfin qui sait, il paraît qu’il ne faut jamais dire jamais…

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Camille - Les Pieds dans le Vide mercredi 1 mai 2019 - 20:28

Merci pour ce très bel article ! Je réfléchis justement en ce moment à prendre une année sabbatique mais je n’arrive pas encore à en définir le format (tour du monde, expérience pro dans une région du monde, etc…) et ton mail aide aussi à être vigilant dans ses préparatifs à choisir le format qui nous correspond le mieux. Il me reste encore beaucoup à maturer mais ça viendra ! 🙂

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Vadrouille et Tambouille vendredi 3 mai 2019 - 08:33

Super article sur un sujet trop peu abordé sur le blues du voyageur ! Merci 🙂

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Wandering Sandrine vendredi 3 mai 2019 - 12:44

Merci pour cet article, qui me rappelle certains grands moments de solitude/déprime lors de mes voyages, et qui me rappelle aussi à quel point il est important de relativiser…
Et en fait, ton article et tes conseils peuvent aussi très bien s’adapter à un choix de déménager dans une nouvelle ville, lorsqu’on ne connait personne… La panique peut vite arriver, mais il est en effet important de se rappeler l’origine de ses choix, et de prendre du temps pour soi, sans trop souvent se mettre la pression, comme on sait si bien le faire au quotidien.

🙂

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Richard Kelly jeudi 13 juin 2019 - 18:27

Cela m’est arrivé une fois avoir les blues lors d’un voyage en solo à Acapulco. Cela a duré deux jours, et puis je me suis fait deux nouveaux amis solo et le plaisir à commencé. Mais je n’ai jamais voyagé aussi longtemps que toi, alors difficile à comprendre. J’ai pris bonne note des questions à mes poser s’il y a lieu. Merci

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Steffy jeudi 7 novembre 2019 - 05:01

Waouh !!! Franchement très bel article où je me retrouve car depuis plus de deux ans je voyage aussi seule. J’ai également eu des coups de « moues », sentiments de me sentir seule (pas plus tard qu’il y a 1 mois) et te lire a été une vraie piqure de rappel !

Merci pour tous tes conseils !

Best wishes from Vietnam ! 🙂

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Ed vendredi 6 mars 2020 - 16:13

La réponse à la question « Pourquoi ai-je autant le désir de voyager ? » peut être encore plus déprimante que la déprime au moment T si la réponse est, comme c’est souvent le cas, « parce que je fuis et suis paumé(e) ». 🙁

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Vincent dimanche 5 juillet 2020 - 15:58

Article très juste. je l’avais enregistré sur Facebook et je viens de retomber dessus. Ça me rappelle mon premier voyage solo en 2016 où j’ai eu un énorme coup de blues un mois après mon départ.
Dans mon cas, j’ai pris la décision de rentrer alors que j’avais prévu au moins 15 mois. Mais bon, je me suis posé un peu en France, puis je suis finalement reparti. Et depuis, je suis partit en 2018 et 2020.

Mais, c’est vrai que la première fois, je n’étais pas préparé à ce que tout ne soit pas du pur bonheur !

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