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Ce voyage d’automne en Islande s’est décidé à la dernière minute. Mon amie Sarah a un projet avec les éditions Larousse et besoin d’y retourner pour se rafraichir la mémoire. Etant une conductrice avertie pouvant rouler sur les routes reculées d’Islande, trouées par le temps et les intempéries, elle m’a proposé de l’accompagner. Un billet d’avion offert par la compagnie islandaise Play airlines et une voiture de location fournie par la compagnie islandaise Lava car rental, et nous voilà parties avec une ébauche d’itinéraire pour sillonner toute l’île.
Un peu aventurières, légèrement aventureuses, la tente, les duvets et matos de camping dans les bagages, nous ne savons pas vraiment à quoi nous attendre en ce mois de septembre. Si Sarah y a déjà voyagé en été et moi lors d’un road trip en hiver, nous ne connaissons ni l’une ni l’autre l’automne en Islande. C’est une saison incertaine où la météo peut nous réserver de belles comme de mauvaises surprises. Dans ce pays situé au sud du cercle polaire et aux portes du Groenland, la météo est capricieuse à toutes saisons. Nous savons que nous allons probablement devoir nous adapter.
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Les hautes terres islandaises, derniers jours d’automne pour en profiter
Dès notre arrivée à Keflavik, nous prenons la direction des hautes terres. A partir de mi-septembre ces régions sont généralement inaccessibles à cause de la météo. Nous sommes chanceuses, le ciel est avec nous. Je ne connais pas cette partie du pays alors la curiosité m’anime. J’ai grande hâte de fouler ces terres isolées.
Direction le Landmannalaugar, sa source d’eau chaude, ses montagnes et ses champs de lave
Il fait beau, les routes sont encore ouvertes. Tous les feux sont au vert. Nous traversons la vallée de Pjórsárdalur, puis empruntons ma première F-Road. Elle porte le doux nom de F-208 nord. Si seulement une trentaine de kilomètres séparent la route 26 du camp de base du Landmannalaugar, nous allons prendre le temps de nous émerveiller devant les paysages de la réserve naturelle de Fjallabak, ses zones désertiques, ses montagnes aux dégradés de vert, du canyon de Sigöldugljúfur aux eaux d’un bleu argenté où les derniers rayons du soleil s’engouffrent, et de ses croisements au milieu du vide. Après quelques heures sous un soleil éclatant, nous atteignons enfin notre but : le landmannalaugar.
Nous plantons la tente sur un sol de lave. Autant dire qu’on n’a rien planté du tout et que les cailloux nous ont bien aidés à maintenir la tente au sol et tout sécuriser. Sarah m’avait dit « tu verras le vent souffle fort au Landmannalaugar ». Ciel bleu, pas un pète de vent, je suis presque déçue. La nature n’a pas tenu sa promesse. Heureusement la tente gelée au petit matin a rattrapé cette déception qui n’en était pas une.
Ce matin-là nous décidons de commencer notre journée par les sources chaudes. Les meilleures du voyage. Alors que le soleil se lève sur les sommets environnants, nous sommes seules dans cet endroit isolé où géothermie et sols gelés se mêlent à merveille au matin d’une nouvelle journée d’automne dans les hautes terres islandaises. Même les canards sont venus nous rendre visite et agrémenté ce décor indescriptible.
Après deux heures à barboter dans une eau à 38°C, nous décidons de faire une randonnée de 3 heures autour du camp de base. Entre champs de lave, montagnes du Laugavegur, et champs géothermiques, ce voyage automnal en Islande tient franchement ses promesses.
Le cercle d’or rapidement
Nous plions bagages après le déjeuner et reprenons la F-208 nord pour rejoindre le cercle d’or. Nous connaissons l’une et l’autre la région mais avons envie de revoir Geysir et surtout les chutes de Gulfoss. Majestueuses, elles comptent partie des plus belles cascades d’Islande. J’avais vu tout cela sous la neige lors de mon road trip de 3 semaines en hiver, c’est un tout autre paysage qui s’offre à moi. Brut et puissant à la fois.
Le pèlerinage sur le chemin de nos souvenirs finalisé, je m’élance sur la route 35 alors que le ciel noircit pour prendre la direction des hautes terres centrales et le Kerlingarfjöll. La première partie de cette piste est assez ennuyeuse. La route est trouée, cabossée et m’oblige à rouler lentement. Le paysage lui est désertique. Des pierres et des cailloux à perte de vue. Nous apercevons tout de même au loin le glacier Langjökull, ce qui embellit ce road trip au centre des terres islandaises.
Hveradalir, les montagnes colorées du Kerlingarfjoll
J’aperçois le bout de cette journée de route quand un panneau m’indique enfin le Kerlingarfjöll. Un dernier bout de piste sur la F347 et nous voilà arrivées au camp de base. On y trouve un hôtel de luxe, des petites cabines et un camping qui s’avère être fermé (il ferme fin août). Nous apprenons que la salle de bain et la cuisine sont tout de même chauffées car le temps permet encore à quelques voyageurs, comme nous, de faire le détour par la région. La seule différence est que le ménage n’est fait que deux fois par jour. Les sanitaires sont propres, comme partout en Islande d’ailleurs, nous plantons donc la tente et c’est parti pour une soirée au chaud. Une pièce commune chauffée, c’est un luxe dont on ne peut pas vraiment se passer quand on fait du camping en Islande en automne. On essaye d’éviter le plus possible de cuisiner dehors pour éviter d’aller se coucher le corps refroidi par des températures extérieures au-dessous de 5°C.
Nous nous réveillons une nouvelle fois avec la tente gelée mais la nuit a été bonne. Des couvertures de survie au sol pour isoler du froid et de l’humidité, un bon matelas et un bon duvet sont les secrets d’une bonne nuit de sommeil.
Nous plions notre camp d’une nuit et prenons la direction du Hveradalir, le site le plus emblématiques de la région du Kerlingarfjoll. Si j’avais vu des photos passer sur internet, Sarah ne savait pas à quoi s’attendre. En vrai c’est encore mieux que sur les photos, malgré l’odeur d’œuf pourri. Ces montagnes aux dégradés de couleurs ocres sont parsemées de névés laissés par les dernières chutes de neige, et de fumées dues à la géothermie. On dirait une peinture de maître. Ce paysage me laisse sans voix.
L’activité volcanique fait que la terre bouillonne là-dessous. La fumée tout droit sortie des sources géothermiques nous offre des paysages changeants, colorés et odorants. On s’accommode finalement de cette odeur d’œuf pourri que l’on retrouve un peu partout en Islande.
La descente est intense. La terre ne sèche jamais vraiment par ici. La neige font au mois de juin, tombe à partir de septembre et entre les deux, ça colle ! A peine réchauffé par les rayons du soleil à notre arrivée matinale, le sol est très humide et très collant. 1 kilo de terre glaise sous chaque pied, ça commence à peser en randonnée. Fort heureusement nous avons nos bâtons pour nous maintenir droites sur nos guiboles, et ne pas finir les fesses dans la glaise…
La région du Kerlingarfjöll n’est accessible en indépendant que quelques semaines dans l’année (généralement de juillet à fin août) alors nous mesurons la chance que nous avons d’être là mi-septembre sous un soleil resplendissant. En période de neige, de septembre à juillet, seules les superjeep ont accès au centre de l’Islande. Je ne suis même sûre que les montagnes de Hveradalir soient accessibles à cette période car elles sont recouvertes de neige.
C’est limite les larmes aux yeux que nous quittons le Kerlingarfjoll pour prendre la direction de Hveravellir, un autre champ géothermique situé quelques dizaines de kilomètres en direction du nord. Comme nous avons un peu trop trainé, nous décidons d’y planter notre tente. Ce sera notre plus petite journée de route du voyage.
Hveravellir ou quand la terre bouillonne
Après l’explosion de couleurs dans le Kerlingarfjoll, l’oasis de Hveravellir nous parait fade mais c’est tout de même beau de voir cette terre qui s’exprime. Chaque source où la terre bouillonne porte un nom. On navigue de l’une à l’autre sur un chemin en bois balisé. Les derniers rayons du soleil s’engouffrent dans les fumées et rasent le sol aux couleurs soufrées. L’eau en surface fait entre 80° et 100°C. Pas question d’y toucher. Heureusement il y a ce bain chaud qui nous attend. Grâce à notre nuit au camping nous en disposons à volonté. C’est cool, ça remplace la douche. Ce soir-là, nous avons presque l’impression de faire du camping sauvage. Je dis presque parce que le camping sauvage est interdit en Islande. Il y a un terrain sur place où nous sommes seules. Une autre tente sera plantée un peu plus tard. Nos voisins de camping de la veille.
Nous installons la tente face au glacier de Langjökull, face à l’est pour faire face au soleil en ouvrant la tente au matin d’un nouveau jour. Si ce n’est pas le bonheur ça. Enfin le bonheur c’est vite dit car pas de cuisine chauffée au camping de Hveravellir (mais un restaurant). Ce ne sera pas le diner des grands soirs. On fait chauffer de l’eau au réchaud. Semoule au chili pour tout le monde, un peu de Skyr aux baies et hop au lit !
On a bien suivi le rythme du soleil durant ce voyage. Coucher 9h, lever 6h30 du mat’.
La route de la côte arctique et le cercle de diamant
Le lendemain nous rejoignons la route numéro 1 assez rapidement. La partie nord de la route 35 est vraiment roulante et sans grand intérêt. En chemin nous croisons des hommes à cheval qui rassemblent leurs moutons. A partir du printemps, les bestiaux sont libres de se balader en pleine nature, à l’automne les propriétaires vont les chercher à cheval ou à pied avec les chiens pour les enfermer en bergerie pour l’hiver. Cela s’appelle Réttir et c’est une vraie fête communautaire en Islande, un peu comme les transhumances dans les montagnes du Tyrol.
La route de la côte arctique
Nous rattrapons la route numéro 1 au niveau de Vermalid. Je suis heureuse de retrouver le macadam et le régulateur de vitesse. Il est super utile en Islande car celle-ci est limitée à 90 km/h et on compte pas mal de radars. Un voyage en Islande coute déjà assez cher comme ça, si on pouvait ne pas se prendre une prune en plus ce serait cool.
Sur la route de la péninsule de Tröllaskagi, notre objectif du jour, nous nous arrêtons à l‘église Viđimýrarkirkja, l’une des 7 dernières églises de tourbe d’Islande, puis à la ferme musée Glaumbær pour en apprendre plus sur l’habitat traditionnel et sur la vie en Islande aux XVIIIè et XIXème siècle. Cette petite pause culturelle après quelques jours dédiés à la nature fait du bien.
Nous nous arrêtons ensuite à la piscine de Hofsos avant de nous arrêter pour la nuit à Siglufjordur. Elle offre une sublime vue à 180° sur Skagafjördur. J’avais voulu m’y arrêter en hiver mais ce jour-là il y avait eu une énorme tempête de neige qui m’avait contrainte à changer mes plans. La route n’était pas dégagée, ce n’était pas prudent. Cette fois-ci je ne loupe pas ce rendez-vous.
Aller à la piscine est un véritable art de vivre en Islande, un peu comme le sauna en Finlande. Grâce à la géothermie, on en trouve dans chaque ville ou village, parfois même dans des lieux improbables. Les piscines offrent toutes un grand bassin de nage, des bains chauds à 38°, parfois même des bains bouillonnants, et une pataugeoire pour les enfants. En revanche, en Islande il est impossible d’aller se baigner sans se laver à poil dans les douches communes. Toutes les parties délicates doivent être lavées, les affiches collées partout dans les vestiaires sont claires et ne laissent aucun doute sur les zones sur lesquelles s’attarder. On peut même y lire : « En Islande, vous enfreignez la loi si vous ne vous douchez pas sans maillot de bain avant d’entrer dans une piscine ».
Après cette pause détente et la bonne douche chaude qui s’en est suivie, à poil bien sûr, direction le village de pêcheur Siglufjördur, Siglo pour les intimes. Les vues sur le fjords sont sublimes, même sous un temps incertain. L’objectif du moment : aller planter la tente avant la pluie. On préfère le camping extérieur à celui situé en plein coeur du village. Certes les sanitaires sont plus succinctes (on n’a pas besoin de douche on l’a pris à la piscine), mais avec la vue fjord bien jolie et le camping plus intimiste, enfin à cette période de l’année. On se couche alors que la pluie pointe le bout de son nez. Parfait.
Le cercle de diamant, du lac Myvatn à Husavik sous la tempête
Après une promenade dans le centre de Siglo, et remonté l’histoire du hareng en Islande, à nous cercle de diamant. Nous faisons une pause au café Gisli Eirikur Helgi de Dalvik. Il est réputé pour sa soupe de poisson et nous avons bien besoin d’une pause au chaud. Un délice !
A la sublime Godafoss, la « cascade des Dieux » s’annoncent les prémices de 2 ou 3 jours difficiles. Les prévisions météo des prochains jours sont affreuses. Vent violent, pluie, et même alerte jaune sur les fjords de l’est qui, manque de bol, s’avèrent être notre prochaine destination. Nous trouvons un camping à Myvatn mais le vent souffle déjà fort et nous passons une nuit sous une tente qui ne demande qu’à s’envoler (mais bien fixée au sol rassurez-vous). Nous décidons donc de changer nos plans et trouvons une petite auberge vers les chutes de Dettifoss (Dettifoss Guesthouse) et le canyon d’Asbyrgi, puis un hôtel à Husavik (Cape hotel Husavik). Se savoir au chaud, à l’abri du vent et de la pluie les deux prochaines nuits nous rassurent.
La journée autour du lac Myvatn est plus belle que prévu. Les couleurs d’automne flamboyantes dans ce décor d’eau et de volcans sont sublimes. Je ne m’attendais pas à de tels dégradés de couleurs chatoyantes en Islande. Ce n’est pas une terre connue pour ses bois et ses forêts mais on y trouve tout de même des bouleaux, des sapins et surtout des parterres somptueux composés d’une grande variété de végétaux. J’en prends plein la vue alors que Sarah s’amuse avec l’application Seek pour connaitre le nom des plantes. Nous faisons une petite randonnée sur le lac histoire de se dégourdir les jambes sous une météo clémente. On y voit quelques oiseaux (le site est bien connu des ornithologues) et surtout les volcans.
La tempête nous cueille à partir de Hverir, un champ géothermique de boue mais rien comparé au déluge de Dettifoss. C’est sous la pluie et les rafales de vent que nous arrivons aux chutes connues pour êtres les plus puissantes d’Europe. Déjà très sombres en temps normal car elles se trouvent dans un paysage de basalte très gris, le paysage autour de Dettifoss est noir. L’escapade humide. Très humide.
Une heure dehors et nous arrivons trempées à la voiture, et ce malgré nos couches imperméables qui nous couvrent des pieds à la tête. Nous trouvons quand même le moyen de nous arrêter à Útsynisstadur sur la colline de Langavatnshöfði, un point de vue assez magique à quelques kilomètres seulement d’Asbyrgi. La nuit à Dettifoss Guesthouse est salvatrice. Des douches avec chauffage au sol, une cuisine super équipée et une chambre avec une literie bien confortable, suffisent à nous rendre heureuses. Le vent souffle sur les jolis parterres d’automne, c’est bon de ne pas être sous la tente.
Husavik, adieu les baleines
Ce matin nous devions aller voir les baleines à Husavík mais la tempête en a décidé autrement. Tous les tours sont annulés pour les 3 prochains jours. Le temps étant certes très venteux mais pas encore pluvieux, nous décidons d’aller nous balader dans le cœur du canyon d’Asbyrgi. Explosion de couleurs flamboyantes, cette balade est un vrai régal pour les yeux.
Nous prenons ensuite la direction d’Husavík par la route qui longe la mer. Malgré la pluie, qui entre temps a fait son apparition, cet itinéraire est magnifique sous les couleurs d’automne. A Husavík, nous verrons les baleines au musée et prendrons du bon temps à Geosea, un bain chaud avec vue sur l’océan Arctique pour nous réconcilier avec cette journée bien maussade.
Au retour à l’hôtel, alors que le vent siffle fort derrière les vitres, je commence un peu à angoisser pour la route du lendemain. Au plus fort de la tempête.
Les fjords de l’est, il pleut, il vente, seules les cascades sont contentes
On se lève dans notre hôtel à Husavik et le vent souffle fort, et les rafales font un peu peur. Alerte jaune sur les fjords de l’est avec risques de glissements de terrain et rafales de vent pouvant aller jusqu’à 126km/h. Ça ne fait pas rire la conductrice que je suis. Il faut qu’on avance et qu’on rejoigne le sud assez vite si on veut tenir les délais de notre programme. Nous disons adieu au cercle de diamant pour passer la journée sur la route jusqu’au centre des fjords de l’est où nous avons trouvé une petite auberge.
La route entre Myvatn et Egillstadir est comme une traversée de désert. Il ne se passe déjà pas grand-chose habituellement, alors sous la pluie et le vent de côté ce n’est pas une partie de plaisir. En partant ce matin-là, nous avions décidé de faire une pause au canyon de Studlagil. La pluie étant tellement forte, pénétrante et giflante, nous ne faisons pas le détour. Où trouver du plaisir dans ces conditions dantesques ?
A force de lutter contre les rafales qui déportent la voiture, j’en ai mal aux épaules. Nous filons donc droit au but. Et parce que la route n’est pas assez difficile comme cela, notre GPS a décidé de nous faire sortir de la route numéro 1 et passer par la route 95, une route de graviers, certes qui doit être magnifique, mais un jour comme celui-là, j’ai plus envie de simplicité que d’éviter les nids de poule à 30 ou 40 à l’heure. Nous passons à travers les montagnes où de nouvelles cascades se créent avec la pluie intense des derniers jours. « Seules les cascades sont contentes en ce moment » dis-je derrière mon volant fatiguée par cette journée qui n’en finit pas.
Je suis contente d’atteindre le but. Plus de 5 heures de route, en ne s’arrêtant que chez Bonus pour faire quelques courses, c’est la pire journée du voyage. A ce jour. La soirée à l’auberge Pverhamar de Breidalsvik est réconfortante, la nuit reposante. Et le p’tit déj annonciateur d’une meilleure journée. Nous y croisons 2 belges arrivés à moto de Vik la veille dans des conditions météo de dingue, ainsi que Clara et Ben, un couple de français faisant actuellement du woofing en Islande. C’était chouette de papoter mais nous devons plier bagages. Une journée longue et intense nous attend.
Le sud de l’Islande à la vitesse de l’éclair sans faire d’excès de vitesse
Notre objectif du jour : rejoindre le parc national de Vatnajökull pour dormir au camping de Skaftafel. Le soleil est revenu sur les fjords de l’est. Le vent, lui, n’a pas faibli mais devrait être moins intense dans le sud d’où le retour de nos soirées camping (surtout que les logements sont rares donc chers dans le sud de l’Islande).
Du sud des fjords de l’est au Vestrahorn et la plage de Stokksnes
Ce matin-là, la concentration est à son maximum pour maintenir la voiture sur la route sans faire d’écart. Nous serpentons à travers ces montagnes qui se jettent dans la mer. La route des fjords est magnifique et se déguste à une vitesse tranquille. Nous faisons quelques pauses mais le vent est puissant. A chaque arrêt il faut faire attention que les portes de la voiture ne se retournent pas, faire attention à ne pas se faire embarquer trop à flanc de falaise, à garder son bonnet sur la tête, et lutter. Lutter contre ces rafales violentes… Bref on essaye d’en profiter car il fait beau mais c’est intense.
J’attends le tunnel qui sépare les fjords des plages et des glaciers avec impatience. A sa sortie, il y a Stokksnes, une sublime plage de sable noir dans laquelle se reflète le Vestrahorn. La « corne de l’ouest » est un mont assez emblématique en Islande. Nous avons prévu de nous y arrêter. En ce jour de tempête de vent, le sable voltige, l’écume s’envole sur le sable noir et les vagues sont puissantes. J’avais vu Stokksnes sous la neige, je vois Stokksnes sous le soleil, les cheveux au vent ! Le sable dans les yeux.
Enivrées par le vent, nous rejoignons la voiture, direction les glaciers.
La lagune glacière de Jökulsarlón et la plage de diamant
Le paysage change au fur et à mesure que nous avançons sur la route numéro 1. Après les volcans au nord, les fjords de l’est, direction les glaciers du sud. Le vent est maintenant derrière nous. La lagune glacière de Jökulsarlón et la fameuse plage de diamant ont une saveur particulière après les derniers jours tempêtueux. Il y a un monde fou mais nous passons quelques heures sur place jusqu’à ce que le soleil se couche. C’est probablement le paysage qui me touche le plus après le Kerlingarfjöll car l’instant est magique. Les couleurs se mélangent : le bleu de la glace, le rose du ciel, le marron des montagnes, le sable noir et ces diamants façonnés par les vagues. Encore difficile d’en partir mais le soleil est déjà couché. La route s’annonce sous une lumière entre chien et loup, c’est donc dans le noir que nous montons la tente.
C’est aussi le soir où nous verrons une aurore boréale. Elle ne se distingue pas vraiment à l’œil nu, pause longue sur l’appareil photo et hop c’est dans la boite. Elle n’était pas exceptionnelle mais nous en avons au moins vu une. A vrai dire nous ne les avons pas trop cherchées durant ce voyage préférant le sommeil aux nuits dans le froid à essayer de trouver l’introuvable, ou de voir l’invisible. Si beaucoup s’enflamment au sujet des aurores boréales, je ne voyage pas pour en voir. Surtout en Islande où la météo est tellement incertaine que ça génère trop de frustration quand les jours se succèdent et que rien ne se passe sous un ciel plombé. Le facteur chance nous a été favorable ce soir-là.
Réveil au pied du glacier de Skaftafellsjökull et du parc national de Vatnajökull
La nuit a été bonne. Après avoir plié le camp, nous partons nous balader sur la lagune glacière de Skaftafellsjökull, à seulement 30mn de marche du camping et du centre des visiteurs du parc national de Vatnajökull. Nous avons la chance d’arriver dans les premières au pied de sa majesté. Calme, tranquille, nous avons presque le glacier pour nous seules. Que ce paysage est magique dans la douce lumière du matin.
Vik et la côte sud de l’Islande, de falaises en plages de sable noir
Après cette matinée au pied du glacier, nous traversons le sud du pays jusqu’à Vik en passant à travers des paysages sublimes composés de champs de lave et de volcans. Notre après-midi est consacré aux environs de Vik : son église Víkurkirkja, Reynisfjara, sa plage de sable noir, ses colonnes de basalte et ses rochers aux trolls, puis quelques kilomètres à l’ouest, la péninsule de Dyrhólaey et ses fameuses falaises qui offrent une vue assez dingue sur la plage de sable noir de Kirkujufjara.
Skogafoss, Selandjafoss et Thingvellir, retour vers le cercle d’or
Nous passons la nuit au camping de Skogafoss. Avoir cette célèbre cascade pour nous au petit matin avant l’arrivée des bus de Reykjavík, c’est le bonheur. Par contre c’est un camping de base (avec douche payante et sans cuisine). Pour nous cela devient assez difficile de dormir dans des campings sans lieu de vie où se réchauffer. Les températures se font vraiment plus fraiches et humides, et nous avons besoin de passer quelques instants au chaud avant de nous coucher. C’est donc dans la voiture que nous nous réfugions pour diner. Pas facile la vie de campeuses en automne.
Au réveil, nous avons la cascade de Skogafoss pour nous seules ou presque. Se retrouver au pied de ce rideau d’eau de 25m de large et de 62 mètres de haut est impressionnant. Un point de vue situé en haut de la cascade nous permet de l’admirer autrement. C’est aussi le point de départ d’une randonnée qui emmène jusque dans la région très reculée du Thorsmörk (30km et 1000m de dénivelés). Nous longeons les différentes cascades sur quelques centaines de mètres avant de retrouver la voiture et continuer notre route en direction du parc national de Thingvellir.
Il pleut et nous avons la merveilleuse idée de faire le détour par la piscine de Seljavallalaug. 20mn de marche depuis le parking et un bain assez froid. 28-30° n’est pas si chaud que cela quand il fait moche dehors. Nous passons plus de temps à se déshabiller et se rhabiller qu’à se baigner. C’est vrai que son cadre est sublime mais on s’est assez vite dit que nous aurions dû nous arrêter à la regarder.
On se réchauffe dans la voiture en direction de la cascade de Selandjafoss. La beauté de cette chute derrière laquelle nous pouvons nous balader, nous fait oublier le froid et l’humidité extérieurs.
Nous finissons la journée au parc national de Thingvellir. C’est un lieu important dans l’histoire de l’Islande, puisque c’est là que se tenait le parlement entre les Xè et XVIIIè siècles. C’est aussi là que se rencontrent les plaques tectoniques d’Amérique et Eurasiatique et on y voit assez bien la faille. L’endroit est assez unique au monde puisqu’il est possible de plonger dans la faille de Silfra pour voir cet entre deux plaques. Comme autour du lac de Myvatn, les couleurs d’automne sont magnifiques à Thingvellir. Un peu ternies par la pluie mais on ne se lasse pas de ces parterres automnaux.
Ce soir-là nous passons de nouveau la nuit au chaud à Ljosafoss guesthouse. Un peu perdue au milieu de la nature, ce n’est pas la meilleure mais elle est propre, offre deux cuisines pour se faire à manger. et le p’tit déj est inclus, un petit plus.
La péninsule de Snaefellsnes dans le souffle du vent
Lors de ce voyage, j’avais vraiment envie de découvrir les fjords du nord-ouest, une région reculée dont on parle souvent dans la littérature islandaise. Pour y aller, nous avons décidé de faire un détour par la péninsule de Snæfellsnes et dormir à Stikkysolmur pour prendre le ferry en direction de Branjslækur.
La journée sur Snæfellsnes est triste et venteuse, mais rien à côté de ce qui nous attend dans les jours qui suivront. Connaissant l’une et l’autre la péninsule, nous nous arrêtons dans des endroits que nous avons aimé ou que nous ne connaissons pas. En roulant face au parc national, nous apercevons le majestueux glacier du volcan Snæfellsjökull. C’est celui-là même dont Jules Verne parle dans son roman Voyage au centre de la terre. Au XIXè siècle il s’était bien documenté notre Jules Verne. La pointe ouest de la péninsule est magnifique. Très minérale. Autour du volcan se succèdent des champs de lave recouverts de mousse, des plages de sable dorée aux eaux bleu caraïbe (mais dangereuses), et de nombreux cratères issus de l’activité volcanique du maître des lieux.
Nous avons rendu visite aux phoques de la plage d’Ytri Tunga. Ceux-ci paradaient dans la mer comme pour dire aux touristes passage « même pas cap de faire comme nous ». Ici on peut observer deux espèces de phoques : le phoque gris et le phoque commun (ou phoque veau-marin). Dans l’eau au loin, difficile de distinguer l’espèce.
Nous passons ensuite par l’église noire de Budir, Helissandur et son phare du bout du monde, le cratère de Saxhöll où le vent souffle très fort, la cascade de Kirkjufell et enfin Stikkysólmur.
La péninsule de Snæfelsnes est riche et il y a tellement de choses à faire qu’elle mériterait deux ou trois jours mais nous sommes à une semaine de notre retour en France. Et nous avons envie de découvrir une région inconnue : les fjords du nord-ouest.
Les fjords du nord-ouest, tempête d’automne au bout du monde
Après une nuit dans la guesthouse Sjavarborg, idéalement située sur le port de Stikkyshólmur, il est 8h30 quand le ferry largue les amarres. Le soleil est revenu mais le vent souffle. La traversée s’annonce agitée. Après un départ légèrement houleux, avec des creux assez profonds et les vagues qui viennent s’échouer violemment sur les vitres de la cabine, nous arrivons enfin sur notre terre promise.
Plage de Raudassandur et les falaises de Latrabjarg
Comme dans les fjords de l’est, la météo s’annonce désastreuse dans les prochains jours : plues et rafales de vent au programme. Nous avons réservé une nuit en auberge à Patrekksfjordur (Stekkabol Guesthouse), ce n’est qu’à quelques dizaines de kilomètres de là mais nous avons deux objectifs dans cette journée venteuse mais ensoleillée : raudassandur, une jolie plage de sable dorée, et les falaises de Latrabjard où nichent les macareux de mai à aout.
Avec ces montagnes vertigineuses qui plongent dans la mer, nos premières minutes dans les fjords du nord-ouest tiennent leur promesse. La route de gravier qui traverse la montagne jusqu’à Raudasandur nous laisse une fois de plus sans voix. Après quelques kilomètres de montée à travers un désert de cailloux, arrive cette descente majestueusement indescriptible sur cette plage dorée. C’est un endroit que les amoureux d’ornithologie apprécieront à l’été. C’est un lieu de nidification des sternes arctiques, ou plus loin sur les falaises de macareux et de pingouins torda… En automne, la plupart des espèces ont quitté les lieux. Nous voyons seulement quelques oies qui se baladent à marée basse.
Les falaises de Latrabjarg comptent parmi les plus beaux sites à voir en Islande. Même si les macareux, pingouins torda et autres espèces sont déjà repartis, j’ai quand même envie de voir à quoi cela ressemble. D’autant plus qu’au phare de Bjargtangar, où nous souhaitons aller, se trouve le point le plus occidental d’Europe. La route est longue alors nous nous arrêtons dans un café à Breidavik. « Il faut compter 40 mn de route de gravier parfois rebondissante environ » nous dit le monsieur. Qu’à cela ne tienne, je ne suis plus à quelques kilomètres de routes de graviers près.
La route est aussi sublime qu’elle est rebondissante comme dirait le monsieur. Je suis contente d’arrivée à destination où le soleil dorée du soir s’engouffre dans les vagues et les falaises, et le vent dans nos cheveux. Il ne manque que les oiseaux pour me rendre totalement heureuse. Je savais que ce n’était pas la saison alors aucune déception mais quand même 😉
Après une petite rando sur le haut des falaises, nous prenons la route en sens inverse. C’est long mais le retour parait toujours moins long. Nous arrivons à Patreksfjordur à la tombée de la nuit et nous installons à Stekkabol Guesthouse qui sera mon coup de coeur de ce voyage. Un salon-salle à manger avec vue imprenable sur le fjord, et un petit déj royal, et une salle de douche plus grandes que toutes celles que nous avons eu jusqu’à présent.
Chasseuses d’aurores boréales en carton à Patreksfjordur
Ce soir-là s’annonce un soir parfait pour les aurores boréales. Nous voilà donc à prendre la voiture dans le noir pour trouver le meilleur spot faisant face au nord. Le vent commence à souffler fort, je sais l’eau en contrebas de la route et je suis pas, mais alors pas du tout rassurée car le vent commence à chasser la voiture. Malgré le spot trouvé, le vent souffle trop fort et fait bouger la voiture, à l’arrêt. Nous ne trouvons aucun plaisir à cette sortie. C’est donc sans voir d’aurore boréale que nous rentrons à l’auberge bien au chaud, en nous décernant le prix de chasseuses d’aurores boréales en carton.
Alerte orange sur les fjords du nord-ouest, doit-on prendre la route ?
Nous nous levons avec une alerte orange pour vents violents sur tous les fjords de l’ouest. Avec une mention spéciale sur Safetravel Iceland, indispensable application à télécharger en Islande, d’éviter de prendre la route aux campincars, campervans et autres voitures peu stables. Nous avons changé de voiture avant la péninsule de Snæfellsnes et je conduis maintenant un Suzuki Jimny au volant duquel je ne suis pas du tout rassurée ! Pas stable, prise au vent terrible, sans compter le manque de place à l’avant du véhicule. Bref nous trouvant plutôt bien dans notre guesthouse, nous décidons de rester une journée de plus. Manque de bol ou signe du destin, l’auberge ferme ce jour pour l’hiver. Nous devons donc partir. Le couple qui tient l’auberge nous rassure en nous disant que ce n’est qu’une petite tempête d’automne, qu’il y a pire dans la région. Elle me dit aussi que dans la région ils ont l’habitude de dire que le temps peut être différent dans le fjord suivant. En terminant sa phrase par « enfin peut-être pas aujourd’hui ».
Je suis habituellement d’un naturel peu angoissé, mais ce jour-là je n’avais pas envie de prendre la route. J’ai donc roulé à 50km/h sur plus de 150 km pour rester sur la route et ne pas être déportée dans le ravin. Une journée de stress indescriptible. L’Islande ne fait rien à moitié dans ses paysages, encore moins dans ses tempêtes !
Dinanji, quand une seule cascade pardonne une tempête d’automne
La route est magnifique mais je n’ai pas vraiment le temps de profiter du paysage. Le vent souffle de base à 28 mètres par seconde (soit 100 km/h) selon les panneaux indicatifs que l’on croise à l’entrée d’un village. Les rafales soufflent bien plus fort.
C’est dans cette journée assez difficile que nous trouvons enfin Dynjandi. Les environs sont magnifiques sous les couleurs d’automne et dès notre arrivée sur le parking je comprends pourquoi Dynjandi compte parmi les plus belles cascades d’Islande. 100m plus haut, c’est un rideau d’eau qui tombe sur 30 mètres en prenant ses aises, puis descend jusqu’au fjord en formant plusieurs petites cascades portant chacune un nom. Depuis notre départ nous ne sommes pas sorties de la voiture alors malgré ce vent, nous décidons de monter jusqu’au pied de Dynjandi. Tout est beau, même sous la pluie et sous des rafales de vent monstrueuses. Si la montée est facile, la descente est rendue plus dangereuse à cause des rafales. Nous arrivons trempées à la voiture, du fait de la puissance de la cascade mais aussi de la pluie qui ne cesse de tomber depuis le début de la journée.
Dynjandifoss me réconcilie avec cette tempête qui aura eu raison de mes épaules, nouées après avoir lutter toute la journée avec le volant contre ce vent intense et du stress procuré. Arrivées à Sudavik (Sudavik guesthouse) je n’ai qu’une envie : me doucher et me coucher. C’est à peu près à quoi va ressembler notre soirée…
Djupavik, tourisme industriel en Islande
Un nouveau jour se lève. Même si Sudavik est la capitale du renard arctique, nous n’en verrons aucun. Pas même le centre qui lui est dédié car il est fermé à l’heure où nous partons. Nous avons décidé d’aller à Djupavik, un petit hameau situé à l’est des fjords du nord-ouest. Au fond d’un fjord a été construit en 1934 une énorme usine de hareng, le plus gros bâtiment d’Islande en béton à l’époque. Désaffectée dans les années 50, elle a été rachetée dans les années 80 par une famille qui essaye de faire vivre son histoire.
La route est magnifique et nous avançons à la vitesse d’un escargot. Pas à cause du vent cette fois mais parce que nous en prenons plein les mirettes. Je suis contente car sur la route, alors que nous faisons un détour le long de Mjóifjördur pour éventuellement profiter des bains chauds de Hörgshlíðarlaug, nous croisons une petite colonie de phoques. Je pourrais rester là des heures à les observer mais le bain chaud nous appelle.
Finalement nous ne profiterons pas de Hörgshlíðarlaug, trop froid, trop de vent à l’extérieur et de la route à faire.
Un panneau m’annonce Djupavik à 47km suivi de Malbik endar. Je commence à le connaitre par coeur celui-ci. Fini le macadam, à nous la piste pour 47 km. L’ambiance est assez mystique, ça colle bien au décor. Voir tout ça sous le ciel bleu n’aurait pas été la même. Les nuages s’accrochent aux montagnes et la route creusée par les aléas météorologiques se déguste.
Nous arrivons à Djupavik avec l’impression d’arriver au bout du monde. Une cascade surplombe un village où chaque élément est à sa place. Ici on a l’impression de faire de l’Urbex mais ce n’est pas le cas. Si les visiteurs ont la liberté de se balader dans le hameau, la visite de l’usine est encadrée. J’y reviendrai dans un article car cet endroit extraordinaire mérite bien plus que quelques lignes dans un récit de voyage.
La visite est programmée le lendemain, nous passons donc la nuit à l’hôtel Djupavik. Comme les derniers jours, il pleut et le vent souffle mais voir ce village dans cette ambiance était notre destinée. J’avoue que c’est ainsi qu’il faut le voir pour comprendre la difficulté, et peut-être un peu l’hostilité des fjords du nord-ouest.
Avec cette tempête d’automne qui s’est abattue sur la région fin septembre, nous avons eu un avant-goût de ce que cela peut-être de vivre dans ces régions reculées hors saison, quand la route et les aléas météorologiques rendent tout bien moins facile qu’ailleurs. C’est ce qui fait son charme aussi car on ne peut pas s’aventurer là à l’aveugle, surtout à l’automne quand on sait que la neige peut déjà faire son apparition en conséquence. Bien que magnifique sous ses couleurs d’automne, il est évident que ce n’est pas la meilleure saison pour découvrir la région, et surtout en profiter. Il faudra y retourner plus longtemps, et en été.
Cave de lave et cascade dans le cercle d’argent et les fjords de l’ouest
Nous quittons Djupavik et prenons la direction de Drangsnes pour profiter du bain chaud. Nous passons une dernière nuit dans les alentours de Bifrost avant de retourner vers Reykjavik. L’Islande est tellement belle qu’on n’en fait jamais le tour. Alors que nous parcourons une dernière fois nos guides de voyage, nous trouvons quelques petites pépites aux alentours. Nous décidons donc de faire un dernier détour dans le cercle d’argent pour découvrir le tunnel de lave de Vidgelmir et les chutes de Hraunfossar.
C’est une chute assez unique en Islande, car l’eau s’écoule du champ de lave et forme une myriade de petites cascades, pour se jeter dans la rivière Hvitá. Au lever du soleil quand les rayons illuminent le parterre minéral et végétal chatoyant, c’est juste une merveille. Dans les alentours se trouvent aussi les bains chauds de Krauma. Les sources géothermiques voisines alimentent les bains. Même si ce ne sont pas les plus belles à voir, elles comptent parmi les plus puissantes d’Islande. C’est très impressionnant de voir cette eau qui bouillonne et jaillit du sol à plus de 100°C.
Reykjavík sonne la fin de ce voyage d’automne en Islande
Nous reprenons la route en direction de Reykjavik. Nous rendons la voiture. ça sent la fin de cet incroyable voyage en Islande. Nous posons nos valises pour deux nuits à 101 Guesthouse, une auberge idéalement située sur Laugavegur, une des deux grandes artères commerçantes de Reykjavík.
Ces deux dernières journées en Islande sont ponctuées par des visites de musées et des déambulations dans les jolies rues aux maisons colorées. J’ai aimé le Perlan, un musée dédiée aux merveilles d’Islande. Ancien site de stockage d’eau issue de la géothermie pour alimenter Reykjavik situé sur les collines d’Öskjuhlíð, Le Perlan est une très belle introduction à la nature en Islande : ses volcans, ses glaciers, sa faune, sa flore, les aurores boréales, etc… Le musée national d’Islande offre quant à lui une introduction historique du pays, des vikings à nos jours.
Ce petit séjour de deux jours à Reykjavík m’a réconciliée avec la capitale islandaise. Lors de mon dernier voyage nous ne nous étions pas rencontrées elle et moi. Je ne voyais tout simplement pas l’intérêt de s’y arrêter. En visitant le Perlan et le musée national d’Islande, j’ai compris combien elle était une fantastique introduction à l’Islande et combien elle était incontournable pour ceux qui aiment la nature et la culture, et qui aiment comprendre avant de visiter.
Pour fêter notre dernière soirée en Islande, direction le Blue Lagoon avant de dormir à l’aéroport. Je n’avais jamais mis les pieds alors j’étais curieuse. Même si c’est un peu l’usine, c’est une parfaite conclusion (ou introduction) à l’Islande. Entre masques de boue de silice et bar dans l’eau, c’était cool. J’aurais aimé qu’une aurore boréale vienne nous dire au revoir mais dans un ciel trop nuageux où on ne distingue aucune étoile, aucune chance.
Après ces 3 semaines en Islande sous des températures bien automnales, plutôt hivernales pour nous, retrouver la canicule me fait très bizarre. J’avoue que voir Nantes m’accueillir sous le soleil était bien sympa et surtout j’étais ravie de retrouver mon petit chez moi et me reposer de ces 3 semaines géniales mais épuisantes. Entre le camping, la météo imprévisible et la route, 3870 km au compteur, un voyage en Islande n’est pas de tout repos.
L’Islande, ce pays qui ne laisse personne indifférent
Terre de glace et de feu, l’Islande ne laisse personne indifférent. Y aller c’est y laisser une partie de soi-même et prendre le risque de vouloir y retourner encore et encore. Ses volcans et ses champs de lave, ses canyons, ses cascades, ses glaciers et ses fjords nous fascinent et nous glacent par leur grandeur et leur majestuosité. On peut y affronter les pires tempêtes de neige, des rafales de vent comme on n’en connait pas ou très rarement chez nous, se faire mouiller jusqu’aux os malgré les couches imperméables ou encore geler sur place en été comme en hiver, sa force d’attraction reste intacte. Inexplicable.
Bien que sa route circulaire nous fasse tourner en rond, on ne fait jamais vraiment le tour de l’Islande. Je l’ai connue en hiver et en automne, j’aimerais maintenant y retourner en fin de printemps, début d’été et me concentrer un peu plus sur sa faune (macareux, fous de bassans, baleines, orques, phoques), les îles Vestmann et les fjords de l’est qui à chaque séjour m’ont réservé des tempêtes comme seule l’Islande peut en offrir. A chacun son Islande, on voit ce que l’on veut y voir, y vit ce que l’on ne peut imaginer, même dans ses rêves les plus fous, et malgré tous les récits que l’on peut lire sur ce pays fascinant. De sa nature à sa météo, en passant par sa géologie, tout est grand dans ce pays. Cette terre ne fait rien à moitié.
L’Islande est une île est intense où la nature est aussi grande et majestueuse qu’elle peut être hostile. Elle réserve cependant de grandes aventures à ceux qui aiment la nature. La seule chose qui me manque lors d’un voyage en Islande, c’est la rencontre avec les Islandais, si rare, si précieuse. Ils se cachent mais je les comprends. Avec un ratio de 1 habitant pour 8 touristes, 350000 habitants pour 3 millions de touristes par an, on aurait tous envie de se cacher.
A quoi s’attendre lors d’un voyage en Islande en automne ?
Après l’été, son soleil de minuit et ses journées à rallonge qui permettent de visiter le pays presque H24, l’arrivée de l’automne en Islande réserver elle aussi de belles surprises… Ou pas. Au mois de septembre, les journées sont tout de même assez longues, avec une assez grande amplitude de jour qui permet de visiter toutes les splendeurs du pays. Qui dit retour de la nuit, dit aurores boréales. En effet celles-ci sont de nouveau visibles dès la mi-août si la météo le permet. Il faut un ciel dégagé pour pouvoir les voir, et en Islande ce n’est pas toujours le cas.
A toutes saisons la météo est imprévisible en Islande. Si en été imprévisible signifie temps gris, pluie et vent, en automne les vents s’intensifient (surtout ils viennent plus régulièrement du nord et sont donc froids), et la neige peut faire son apparition. C’est pour cela que les F-Road commencent à fermer dès la mi-septembre. Ce n’est pas une science exacte, nous avons eu de la chance de pouvoir aller au Landamannalaugar, dans le Kerlingarfjöll ou les fjords du nord-ouest mais quelques jours après notre passage dans ces régions les routes commençaient à fermer. Et surtout les premières tempêtes de neige sont arrivées assez tôt à travers toute l’Islande (dès le 10 octobre en 2023).
Les tempêtes d’automne peuvent être plus intenses et des alertes sont possibles dans tout le pays, tout moment. Il faut vraiment vérifier la météo chaque matin, chaque soir ou 10 fois dans la journée avant de s’engager sur certaines routes ou dans certaines régions (comme les fjords du nord-ouest, certains villages des fjords de l’est ou les péninsules du nord). Il faut aussi louer une voiture qui tient la route, robuste. Un petit conseil : évitez de louer un Suzuki Jimny. Ce 4×4 ne tient pas du tout la route lors des fortes rafales de vent. La voiture est notre maison, celle où on se met à l’abris lorsqu’il pleut, lorsque les vents seront forts et celle qui nous transporte d’un point à un autre. On doit s’y sentir en sécurité. Ne faites pas l’économie sur ce poste-là (je vous invite à lire mon guide pratique sur la conduite en Islande).
A partir de fin-août, mi-septembre, certains campings ferment. Dormir sous tente devient une aventure réservée aux aventuriers. Une tente 4 saisons de type alpiniste est fortement recommandée pour résister aux vents et aux fortes pluies. Un matériel froid/grand froid est incontournable (matelas isolant, duvet avec un confort -5° à -20°, couvertures de survie,…). Même s’il fait entre 0° et 10° selon les mois d’automne et les régions, le vent est glaçant et les températures, en ressentie, sont bien plus fraiches. Ne faites pas surtout pas l’économie d’un manteau chaud, coupe vent et imperméable, d’un surpantalon coupe-vent et imperméable, d’une paire de chaussure imperméable, d’un bonnet et d’une paire de gant, et de toutes les couches qui vous permettront d’avoir chaud (T-shirt thermique, polaire, doudoune, etc…). Mon article sur les vêtements à prendre en hiver en Islande vous donnera une idée (oubliez le pantalon de ski en septembre, en octobre novembre ça peut éventuellement être utile selon la météo). Oubliez le jean ou tout vêtement pour avoir du style, cela vous ne sera pas utile. Vos premiers besoins seront d’avoir chaud et d’avoir les pieds au sec.
2 commentaire
Merci pour ce récit captivant sur votre voyage en Islande ! J’adore la façon dont vous décrivez les contrastes entre le grand soleil et les tempêtes. Avez-vous des recommandations sur les incontournables à visiter ou des astuces pour gérer les conditions météorologiques changeantes en automne ?
Merci pour ce partage incroyable de votre voyage ! Vous donnez vraiment envie d’y participer, je pense planifier très bientôt un voyage en Islande en espérant pouvoir profiter d’aussi beau paysage !