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J’ai longtemps rêvé de visiter Manchester, une ville, un nom qui font échos à mon adolescence certainement. Attirée et intriguée par son passée industriel, sa scène musicale, son street art et son amour inconditionnel pour le football, cette ville a fait une entrée fracassante dans la liste de celles qui ont touché profondément mon cœur. Manchester, ville à l’architecture faites de briques, de glace et d’acier, renait et affirme son caractère au fil des années. Comment est-elle passée d’une ville ouvrière à une ville hipster ? J’en ai appris un peu plus en visitant le northern quarter où le street art et l’art en général ont offert une deuxième jeunesse à ses rues autrefois bouillonnantes mais tombées dans l’ignorance au moment de la crise industrielle du milieu du XXème siècle.
Pour aller directement vers ce qui vous intéresse, voilà les différents chapitres de cet article :
- Histoire du Northern quarter de Manchester
- Street art à Manchester
- Mes bonnes adresses dans le Northern Quarter
- Où dormir à Manchester ?
- Comment aller et se déplacer à Manchester ?
- Envie d’inspirations pour voyager en Grande-Bretagne
Histoire du Northern quarter de Manchester
Un joli matin ensoleillé d’automne, je retrouve Hayley Flynn, guide et auteure du blog the Skyliner, pour une balade de 2h30 dans les rues et ruelles du Northern quarter. Hayley a de nombreuses cordes à son arc. Elle est journaliste, conservatrice du National Trust pour la ville de Manchester et surtout passionnée par les évolutions des paysages urbains. C’était donc la personne parfaite pour me guider à travers ce quartier et m’en raconter quelques petites histoires.
L’histoire du northern quarter de Manchester, c’est celle d’un quartier florissant au temps de la révolution industrielle au début du XIXème siècle qui passa au néant et la pauvreté dans les années 70 avant de devenir depuis quelques années le quartier hipster de la ville. On va vite comprendre que l’art n’y est pas pour rien dans cette transformation.
Derrière toutes les jolies façades de briques aujourd’hui classées, on retrouvait les plus grandes usines de coton construites entre le XVIIè et le XVIIIème siècles. A la grande époque de la révolution industrielle Manchester était devenue la capitale mondiale de l’industrie du textile. Ici se côtoyaient donc riches industriels et ouvriers. A l’ère victorienne, le northern quarter était aussi connu pour ses nombreux marchés. Trib street, l’une des artères principales, était surnommée Pet street, la rue des animaleries ! Le genre de rue qui ferait scandale aujourd’hui mais qui à l’époque faisait déplacer les foules.
Tout ce faste a eu une fin et à l’heure de la crise au milieu du XXème siècle, le quartier a sombré dans le néant. Pour ne pas arranger les choses, la construction d’un parking dont l’entrée faisait dos au quartier, a fini de l’isoler.
C’est à partir des années 90 que l’art va redonner vie et un second souffle au northern quarter. D’abord avec l’ouverture de The Haçienda, un club de House Music créé par le label Factory record de Tony Wilson. Dans ce club ont émergé de grands noms de la House music comme le français Laurent Garnier ou The chemical brothers.
Tony Wilson alias Mr Manchester est vraiment un nom qui ressort partout dans le quartier nord. On sent vraiment la reconnaissance envers cet homme qui a donné sa chance à de nombreux artistes. Le club a fermé en 97 entre autres à cause de la drogue. Si vous voulez en savoir plus sur l’histoire de ce club, Hayley m’a conseillé de regarder le film 24 hour party people qui relate son histoire et celle de Tony Wilson.
Parallèlement, en 1992 la ville offre une résidence d’artiste à Liam Curtin dans ce quartier. Sous ses airs décrépis, il y découvre une vie artistique bouillonnante. Il créé donc la eastside association et un « art trail » qui en 20 ans va totalement changer l’image du quartier.
Street art à Manchester
Si dans des villes comme Melbourne en Australie, le street art a longtemps été mal vu et réservé à certaines rues, dans le northern quarter de Manchester, les autorités ont laissé faire y voyant plus un moyen d’expression pour les jeunes artistes. Aujourd’hui on y trouve aussi bien des fresques commissionnées que des graffitis même si, selon Hayley, il faut aujourd’hui vraiment faire la part des choses entre ce qui est intéressant et ce qui ne l’est pas.
Le street art a commencé à cette époque par des mosaïques ou des oeuvres à base de céramique. L’oeuvre la plus significative, c’est cet ananas que l’on retrouve sur un toi non loin de la façade du fish market. L’ananas était un produit de luxe à l’époque et ceux qui offraient ce fruit à leurs convives lors d’un diner pouvaient être considérés comme de riches aristocrates. Cette oeuvre de Kate Malone est la seule qui fait référence au passé d’un quartier reconnu pour ses marchés.
On notera aussi qu’ici, tous les noms de rue sont réalisés à base de céramique blanche ou bleue. Les bleues sont réservées aux rues allant de l’est à l’ouest, les blanches allant du nord au sud.
On voit aussi beaucoup d’oiseaux dans les fresques ou même parfois sculptés sur des façades. Ils font tous référence au pet paradise qu’était autrefois le quartier. Si vous levez les yeux sur John Street ou Trib street vous verrez certainement des oiseaux posés sur des balcons ou des enseignes.
En 2016, le festival Cities of hope a fait naître de grandes fresques engagées (c’est le but du street art non ?) souvent en soutien à des oeuvres de charité locales. La deuxième édition menée par l’artiste mancunien Axel Void se déroule lieu cette année et voit dont l’émergence de nouvelles oeuvres.
Ma préférée de toutes les oeuvres vues est SERENITY de l’artiste SNIK.
Cette fresque a été réalisée en janvier 2018, dans le cadre de cities of hope. C’est un hommage aux femmes qui se battent contre l’injustice avec pour références locales les Suffragettes qui se sont battues avec rage au début du 20è siècle pour le droit de vote des femmes en Angleterre.
Le mouvement a vu le jour à Manchester et le choix du mur n’est pas anodin puisqu’il se trouve à deux pas de Stevenson square, là où elle se sont rassemblées il y a tout juste 100 ans.
Depuis la révolution industrielle, l’abeille est l’emblème de Manchester.
Ces petites ouvrières travailleuses que sont les abeilles représentaient bien ce qu’était la ville à l’époque.
Toujours là mais un peu tombées dans l’oubli, elles ont refait leur apparition un peu partout dans la ville au moment de l’attentat à la Manchester Arena, comme si artistes et habitants avaient eu besoin de se raccrocher à quelque chose durant cette période malheureuse.
Aujourd’hui on la voit partout notamment dans ces oeuvres de l’artiste Qubek.
Celle ci-dessous est réalisée en partenariat avec Mural life et commissionnée par The Manchester evening news en hommage aux 22 personnes qui ont perdu la vie ce jour-là. 22 petite abeilles pour 22 victimes.
La fresque de l’artiste anglais Dale Grimshaw a été réalisée dans le cadre de Cities of hope en 2016. Il devait travailler sur la globalisation et ses effets sur les populations autochtones.
Ses oeuvres mettent en avant des hommes de Papouasie de l’ouest (plus connue sous le nom de Papouasie Nouvelle Guinée) et sensibilisent au fait qu’elle est envahie illégalement par l’Indonésie.
L’or et le rouge sont les couleurs de base de son travail. L’or fait référence aux mines d’or que l’on trouve dans le pays et qui bien sûr attirent l’état voisin.
Cet artiste m’a fait penser à Adnate dont j’ai vu quelques oeuvres de street art à Melbourne et qui lui s’engage pour la cause aborigène.[/column]
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J’ai vu deux oeuvres de l’artiste français Christian Guemy alias C215. Celle-ci à gauche est inspirée d’une photo intitulée « That moment… Just before » de Lee Jeffries, un photographe qui fait des portraits de SDF (si son travail vous intéresse je vous conseille d’aller jeter un oeil à sa galerie ici)
Même s’il avait eu l’autorisation de l’artiste pour réaliser cette oeuvre, C215 a voulu lui rendre hommage en collant une copie de la photo à côté de son portrait. Elle a aujourd’hui disparu mais je trouve que c’est un joli clin d’oeil à l’oeuvre originale dans ce monde où internet a changé bien des choses dans le respect des droits d’auteur.
Ci-dessous le fumeur que l’on trouve sur le mur d’un bar aussi dans le northern quarter. J’ai aimé la scène avec les fûts de bière et au loin la petite abeille, toujours présente.
On trouve de nombreuses oeuvres dans le quartier. Axel Void, artiste surnommé à Manchester le Da Vinci du street art (rien que ça) a peint l’une des oeuvres les plus emblématiques du quartier. Sisyphus fait référence à l’essai « le mythe de Sisyphe » d’Albert Camus. La fresque est malheureusement amenée à disparaitre dans les semaines à venir. L’éphémère, c’est aussi ça le street art !
J’ai aussi aimé les deux oeuvres de Phlegm et de Mateus Bailon qui se côtoient sur Cable street. Le travail de Mateus Bailon fait souvent référence à la connexion entre l’homme et la nature.
Il y a tellement d’oeuvre de street art dans le quartier nord de Manchester qu’il est impossible de parler de toutes celles vues en 2h30. Je vous conseille vivement si le street art vous intéresse et que vous comprenez l’anglais bien sûr, de prendre le tour d’Hayley Flynn « A modern history of the northern quarter » pour 8£ (soit 9€ environ), vous ne serez absolument pas déçus !
Bonnes adresses dans le Northern quarter
Bars, petits cafés, restaurants, disquaires… le quartier est riche en bonnes adresses. Aucune chaine n’est établie dans le northern quarter, c’est beau et c’est aussi ça qui le rend un peu hipster. Je vous conseille ces quelques bonnes adresses selon vos envies :
Envie d’un café ? alors foncez au Foundation Coffee house, un endroit à la décoration design et minimaliste. On y croise aussi bien le digital nomad que des groupes copines, un couple d’amoureux ou la voyageuse solo comme moi !
Envie d’un brunch ? Alors Mackie Mayor est the place to go ! Située dans un ancien marché de viande de l’ère victorienne, l’endroit offre une cuisine variée qui correspondra aussi bien aux vegans, végétariens qu’aux carnivores. Plusieurs stands s’offrent à vous et j’avoue que le choix a été très difficile pour moi. Trop de choix et tout avec l’air bon. La déco industrielle est sublimissime !
Envie d’acheter un vinyl ? Ben oui on est à Manchester, si on ne se plonge pas dans l’univers de la musique ici alors on ne le fait nulle part ailleurs ! Il y a plusieurs adresses mais je vous conseille Picadilly Records, un lieu historique du NQ. C’est la caverne d’Ali Baba tenue par des passionnés. Rien de fancy, tout est dans la musique ! Sur chaque disque, une petite note de l’un des vendeurs décrit l’univers de l’artiste. On peut y rester des heures !
Envie de visiter une institution du northern quarter ? Alors filez chez Afflecks ! Ce magasin de seconde main est unique en son genre et on trouve de tout ! Ici il faut regarder ce qui se vend mais aussi qui fréquente le magasin. Je me suis perdue dans les dédales, regardé les expos aux murs du grand escalier. Bref pour en faire le tour il faut prévoir une 1/2 journée !
Envie de dessiner ? Ben oui on est dans un quartier artistique non ? Meilleure adresse : Fred Aldous. c’est une autre caverne d’Ali baba, celle des artistes qui ont envie d’aller s’essayer sur les murs du NQ. Je me suis freinée pour ne rien acheter ici. C’est aussi une institution dans le quartier, cette boutique existe depuis 130 ans. Ils parrainent d’ailleurs de jeunes street artists du coin en leur offrant du matos ! Rien que pour ça je les aime.
Envie de fleurs ? ok en voyage on n’a pas envie de fleurs mais bon Northern flowers est une boutique à la devanture trop mignonne, je ne pouvais pas ne pas en parler 😉
Moi je n’ai pas dormi dans le Northern quarter, j’ai dormi au King Street townhouse, un hotel très chic situé à deux pas du sublime hotel de ville néo-gothique (admirer la vue à droite depuis la piscine 😉 ).
Ces deux options sont assez chères mais le centre de Manchester est assez petit finalement, vous trouverez de quoi vous loger à un prix plus accessible un peu plus loin mais toujours à une distance raisonnable à pied du NQ. Si vous recherchez une auberge de jeunesse, pensez à regarder sur Hostelworld. Regardez éventuellement du côté du Selina NQ pour être dans le Northern Quarter.
Comment aller et se déplacer à Manchester ?
Aller à Manchester
Si vous êtes déjà en Grande Bretagne, préférez le train. Manchester se trouve à un peu plus de deux heures de Londres, 3h15 d’Edimbourg et 1h28 de Birmingham. Pensez à Trainline, c’est le site dont je me sers quand je réserve mes trains à travers la Grande Bretagne.
De France si vous n’êtes pas de Paris et n’avez pas accès à l’Eurostar ? Alors l’avion s’impose. Depuis Nantes j’ai pris la compagnie Flybe (mais j’ai l’impression que les vols ne sont pas réguliers). Le plus facile, c’est donc de comparer les prix soit sur Skyscanner soit sur Liligo.
Vous prévoyez un road trip autour de Manchester ? Oui et c’est une bonne idée car il y a plein de choses à voir, notamment Lake district, un parc national situé à environ 2h de route en allant vers le nord. Pour louer une voiture, je vous recommande Rentalcars, l’équivalent du site Booking pour la location de voiture.
Se déplacer à Manchester
Les transports sont très biens développés à Manchester. Train, trams, bus, vous aurez tout à votre disposition. Pour planifier vos voyage, le site TFGM (Transport for Greater Manchester) vous aidera pour vos déplacements pendant votre séjour.
Je n’ai pas pris une seule fois les transports. Tous se fait facilement à pied, il faut juste compter une vingtaine de minutes pour aller d’un bout à l’autre du centre ville. Le site Walkit peut vous aider à planifier vos déplacements à pieds dans toutes les villes du Royaume-Uni.
Pour en savoir plus sur que visiter à Manchester, je vous recommande le site de Visit Manchester qui est assez complet.
Envie d’inspiration pour voyager en Grande-Bretagne ?
Vous retrouverez tous mes articles sur l’Angleterre et l’Ecosse en cliquant ici. A venir bientôt l’Irlande du nord aussi. Parmi les articles en ligne je vous recommande :
- Pourquoi visiter Manchester ? (ou plutôt mes bonnes raisons d’y retourner
- Street art à Londres
- Un road trip en Ecosse de Edimbourg à l’île de Skye en passant par l’île de Mull (vous connaissez mon amour pour l’Ecosse j’espère)
- Un road trip sur la North coast 500 (si vous voulez voir l’isolement des Highlands, c’est là qu’il faut aller)
- Un week-end à Edimbourg (c’est trop mignon Edimbourg)
- Un road trip en Cornouailles (c’est tellement beau et sauvage les Cornouailles je vous conseille vivement cette région)
Et parce que vous avez terriblement envie d’aller dans le Northern Quarter après la lecture de ce billet, épinglez cet article pour le ressortir quand vous préparerez votre voyage à Manchester 😉
Cet article est le fruit d’un partenariat avec Visit Britain dans le cadre du Social Travel Summit 2018 à Belfast. Tout a été écrit par mes petites mains et toutes les photos m’appartiennent (et ne sont pas libres de droits)
4 commentaire
Merci pour ce très bon article sur le street art à Manchester. Lors de mon dernier séjour dans la ville, je n’avais pas eu le temps d’explorer la scène street art. Tu es allé à Liverpool aussi ?
Merci Guillaume Et non malheureusement je n’ai pas eu le temps d’aller à Liverpool… C’est la question que tout le monde me pose et ce n’est pas l’envie qui m’en manquait !!!
Coucou c’est aussi un projet qui me tente bien, j’avais hésité mais je ne renonce pas à la découvrir car elle me plaît bien; elle est encore si peu envahie et typique; bonne soirée, Kathia
j’adore tes articles ils sont géniaux !