Je n’ai pas pour habitude de regarder vers le passé néanmoins quand je retourne sur les terres qui m’ont vues grandir, me vient comme un goût de nostalgie. Les parfums de mon enfance dans le Berry ont le goût des saisons, celui d’une campagne riche et stylée qui s’éveille au printemps, vit en été, se retire en automne et se repose en hiver. Il ne pouvait pas en être autrement avec des parents agriculteurs.
Le Berry, ma région 4 saisons
Je me souviens du Printemps, ce moment où la nature s’éveille. On change d’heure, les jours rallongent. Fini la tristesse des arbres sans feuilles, place au vert, place aux couleurs. Dans le jardin la balançoire verte, jaune et rouge reprend du service, les lilas et les cerisiers fleurissent. Dans les sous-bois, place à l’éclosion des jonquilles. Des milliers de jonquilles, à ne pas savoir où donner de la tête. Tous les ans avec ma mère nous chaussions nos bottes et allions en cueillir route de la Chapelotte pour fleurir la maison.
Dans les champs les colzas sont en fleurs. Sur les bords chemin les violettes pointent le bout de leur nez. C’est l’heure de ressortir mon vélo rouge !
Je me souviens de l’été. La saison de la fête, des moissons. Les livres et les cahiers de l’école Sainte Solange rue Pousse Panier à Aubigny sur Nère remisés au placard, place à la liberté. Aux jeux. Enfant j’étais une petite fille des bois, je vivais dehors. J’avais un arbre dans le jardin à l’arrière de la maison qui devenait tantôt mon bateau, tantôt ma cabane. Il m’emmenait loin au pays des rêvasseries. Je voyageais déjà à ma manière. Avec mon vélo rouge j’allais me promener sur le long chemin qui menait à la maison et j’allais jouer au gué la rivière qui le traversait. Là je passais des heures à poissons arc-en-ciel que je relâchais ou des têtards en espérant qu’un jour ils deviennent grenouilles. Ce qu’ils ne devenaient jamais bien sûr. Les pauvres.
A cette saison, nos parents nous envoyaient mon frère et moi le temps des moissons chez ma grand-mère au sud du département vers Dun sur Auron. Nous étions avec nos cousines. Je me souviens de courses aux escargots, des ramassages de pommes (beaucoup de pommes) d’une autre rivière où nous pêchions aussi des testards que nous ramenions dans un seau chez ma grand-mère, des vaches qui passaient devant la maison pour aller à la traite, de promenades avec mes tantes au coucher du soleil et de parties de Monopoly qui pouvaient durer des jours et jours.
Récemment j’ai retrouvé dans dans une boite à souvenirs ce dessin un peu jaunit de ma grand-mère conservé précieusement par ma maman. Nous 4 dans une piscine. Moi je suis la plus petite à droite, celle qui ne voulait pas mouiller son maillot de bain rouge !
Un été dans le Berry à cette époque était celui des bonheurs simples. C’est plus tard que je connus ce qu’était la moisson. C’était l’aboutissement d’une année de travail pour mon père. Une fête comme peuvent être les vendanges pour les vignerons. La maison était pleine de saisonniers, les champs sentaient la paille fraichement coupée tandis que dans la maison les odeurs de tomates farcies, de gratin de légumes ou de poulet grillé se mêlaient à celles des clafoutis aux cerises, aux abricots ou aux pommes ironiquement appelés les immangeables par la tablée de « jeunes ». Les repas rythmaient nos vie. A la maison le midi. Dans les champs le soir. Impossible de rater ce rendez-vous qui se terminait toujours par un tour de moissoneuse-batteuse. Cette tradition perdure aujourd’hui et les générations suivantes y ont aussi droit. Pour leur plus grand bonheur !
Je me souviens de l’automne. On change d’heure. Les journées deviennent plus courtes. Dehors les couleurs changent. Le vert fait place au orange, au jaune et au marron. Les feuilles tombent. Dans les champs tout juste labourrés et semés, on commence à revoir les animaux sauvages. Mon jeu alors que nous prenions le chemin pour sortir de la maison, était de repérer les chevreuils. La nature dans ce qu’elle a de plus beau. De plus majestueuse.
L’automne c’était aussi le temps de chataîgnes que nous allions ramasser vers le château de la Verrerie. Je ne sais plus trop bien le situer mais il était par là ce châtaignier. De retour à la maison nous les faisions griller dans la cheminée. Ah les odeurs de châtaignes grillés, une odeur unique qui rappelle un de ces moments éphémères qui appartient à eux seuls aux saisons. Si on rate le moment, il faut attendre l’année suivante.
Je me souviens de l’hiver. De ces matins brumeux, de ces matins gelés où les rayons du soleil venaient réveiller les herbes blanchies par le froid. Pas un jour sans qu’un feu soit allumé dans la cheminée. Pas un jour sans que je vienne me mettre dos au feu pour me réchauffer.
L’hiver marquait aussi le début des naissances des agneaux. Ma mère, éleveuse de moutons, consignait consciencieusement toutes les naissances dans un petit classeur rouge aux pages cartonnées colorées. Tous les matins avant l’école, nous avions le droit d’aller voir si une naissance avait eu lieu dans la nuit. Encore un petit bonheur simple de la vie à la campagne. Parfois, quand les mères les rejetaient ou n’avaient pas suffisamment de lait pour les nourrir, nous donnions des biberons à ces petites bêtes. En plus des chiens et des chats, nous avions des agneaux domestiques.
L’hiver passsé, le printemps revenait et ainsi de suite. Ainsi va la vie dans les campagnes. Une vie douce au rythme des saisons. Au rythme de la nature. Au rythme de la vie.
Le Berry me ressemble. Rassemble mes souvenirs d’enfance et plus encore. Mes racines, mes valeurs, ce que je suis aujourd’hui, je le dois à ce petit coin de terre du centre de la France et à tous les berrichons de sang ou d’adoption qui ont croisé ma route.
Le Berry est de ces pays où le temps s’arrête, où les saisons s’égrennent les unes après les autres. Chacune avec sa particularité ou son originalité. Ces saisons où les souvenirs se crééent génération après génération. Où les souvenirs restent. Indélébiles.
Je suis parisienne depuis 20 ans. Berrichonne depuis toujours.
Que faire dans le Berry ?
Je ne peux pas vous donner le goût du Berry sans vous y donner mes quelques recommandations, testées et approuvées depuis plus de 40 ans par la maison !
Aubigny sur Nère et ses alentours : mon fief !
Un restaurant : les rives de l’oizenotte à Oizon
Nohant, 18700 Oizon – Tél : 02 48 58 06 20
Une saveur berrichonne : acheter des Crottins de Chavignol directement chez un producteur. Je vous recommande la fromagerie Couet toujours présente sur le marché du samedi matin à Aubigny sur Nère ou sinon à la ferme à Argent sur Sauldre (qui vous donnera aussi l’occasion de caresser les biquettes).
Lieu dit Romecrot – 18 410 Argent sur Sauldre
Autre saveur à rapporter : le feuilleté aux pommes de terre. C’est bon réchauffé au four ! On les trouve chez les charcutiers (à côté des feuilletés au crottin de chavignol)
Bourges, le fief de ma famille maternelle
Sans oublier la région de Sancerre
Pour une vue imprenable sur la coline de Sancerre, prendre la route D183 et descendre via le village de Chavignol, berceau de notre fameux crottin.
Sans oublier
Cet article a été produit dans le cadre du lancement de la campagne En Berry ma campagne a du Style par Berry Province. Le choix de l’angle éditorial de cet article me revient
11 commentaire
Joli papier Adeline. Très poétique, parlant et nostalgique. A titre personnel, je garde un très joli souvenir du Berry et principalement du musée des Sorcières, pas très loin de ton fief, un endroit sympa pour la famille (si ça existe encore !).
Très beau billet, plein d’émotion ! Il y a plusieurs endroits qui me tentent bien, la cathédrale de l’artiste a l’air top… sans compter que je suis complètement passée à côté des Forestines, il va falloir y remédier 😉
Merci Juliette !
La cathédrale est géniale 🙂 Et côté forestines… la jolie maison a brulé alors c’est un peu plus compliqué de les voir mais elles sont dans pas mal de boutiques ! Tu n’as plus qu’à y retourner 🙂
Très bel article que tu nous as écrit là, plein de nostalgie. Il donne envie de visiter ce coin de France où je n’aurais pas forcément pensé à me rendre ! Merci !
Et les galettes de pommes de terre ?
Bonjour Adeline
Merci pour ces jolie perceptions sensibles sur le Berry. A la fois nostalgiques et intemporelles. J’imagine notre fille de 4 ans raconter plus tard ses souvenirs avec ces même mots.
Au plaisir de vous voir si vous repassez dans le coin car, comme je vous le disais dans une courriel, nous avons des tas de choses à partager.
Bonne continuation.
P.S: cet hiver nous allons aller en Catalogne en famille…. votre blog nous a donné envie.
Bonjour Adeline,
Je suis ravi de lire les aventures d’une Berrichonne car moi aussi j’ai grandit dans le Berry. J’ai vécu pendant 15 ans dans les marais de Bourges. Quel endroit fantastique ! Ses canaux, ses jardins… et les baignades l’été dans la Voiselle. Que de souvenirs ! Maintenant exilé dans le Sud je me lance dans le blogging pour parler de ma passion, les Voyages !
Au plaisir.
Alexis
Quel plaisir de lire un article sur le Berry <3
Je suis originaire d'un bled entre Avord et Dun sur Auron et je me rappellerais toujours de nos aventures folkloriques en bateau gonflable sur l'Airain, de nos cabanes dans les bois et de nos courses effrénées dans les champs avec des bottes envahies de sauterelles!
Ton article m'a aussi rappelé les fois où on allait "pêcher" des tétards dans les rivières pour la mère (institutrice) de mon amie d'enfance. Autant dire que les pauvres avaient intérêt à aimer le grand huit, vu les tours que l'on faisait faire aux seaux haha
J'ai beaucoup déménagé pour mes études et le travail mais je reste très attachée à ma campagne natale. Mes parents habitent toujours dans la banlieue de Bourges et j'aime de temps à autres retourner aux sources!
J'ai également le gout du voyage et même si je n'ai aucun talent particulier d'écriture/photo/dessin je pense me lancer prochainement dans un petit blog 😉
Bonne continuation
Ah! Finalement retrouvé! J’ignore pourquoi, il m’était impossible de remettre la main sur ce post-petite-madeleine! L’occasion d’en parcourir d’autres depuis Hong Kong, présentement. Pour avoir vécu au moins une fois chacun des moments décrits (tablées de moisson, les balançoires au fond du jardin, le long chemin à vélo, les tétards et les tétées pour les agneaux, les matins croquants de l’hiver et son changement d’heure … dans une ferme ou dans une autre) ainsi que vécu et goûté tes recommandations sur le Berry, j’adhère complètement! Avec une pensée pour les si délicieuses Forestines, merci Adeline!
Bonjour,
Je déménage prochainement à proximité de ton village dans le Berry.
Émouvants tes souvenirs d’enfance.
J’ai noté quelques adresses pour les découvrir bientôt sur place.
Je me suis inscrite sur Instagram pour suivre tes voyage.
A bientôt
ah merci. Tu vas habiter dans quel coin ?